Pour Vincent Cassel, je serais prêt à beaucoup de choses, y compris à aller voir un film de Jean-François Richet !


Vous allez me dire : c’est quoi mon problème avec l’auteur du dyptique « Mesrine » ?
Pas grand-chose en somme, mais tout de même une certaine réticence face à sa réalisation qui emploie souvent beaucoup d’effets pour rien.


Et ce ne sera malheureusement pas cet « Empereur de Paris » qui viendra me donner tort.
Des mouvements de caméra exagérément brusques qui cherchent à donner du dynamisme.
Pas mal de scènes de bagarre.
Beaucoup d’emphase dans le jeu des opposants de Vidocq (…parce que tu comprends, ils sont vraiment très très méchants).
Et surtout une réelle incapacité à rendre tout cet environnement cohérent et crédible.


D’un côté on se retrouve avec des caricatures granguignolesques dignes d’un conte épique. Je pense notamment au personnage de Maillard et de sa bande qui poussent l’archétype tellement loin que ç’en devient ridicule, ou bien encore aux personnages du duc et de son fils qui se baladent toujours en uniforme, histoire qu’on n’oublie jamais ce qu’ils sont censés symboliser.
Et puis à côté de ça, on a un cadre poisseux qui semble vouloir se rapprocher d’une vision plus réaliste et cynique de cet univers.
C’est toujours le cul entre deux chaises.


De très bonnes idées (Luchini en Fouché, le regard porté sur le cynisme politique de l’Empire) côtoient des idées beaucoup moins inspirées (un scénario qui ne surprend jamais et qui se contente d’enfiler des scènes déjà vues des centaines de fois ailleurs), le tout servi par une distribution très inégale. Cassel fait le boulot. Luchini – au risque de me répéter – est remarquable.
Par contre Olga Kurylenko n’a aucune subtilité dans son jeu et fait totalement tomber son rôle à plat. Quant à Denis Lavant, je pense tout simplement qu’il est victime d’un personnage mal pensé et mal écrit.
Au fond, dans ce grand théâtre d’inégalités, c’est surement Freya Mavor qui fait office de meilleure surprise. Avec un rôle vraiment pas top, elle arrive à exister d’une manière assez rayonnante à l’écran.
Ses scènes avec Cassel rehaussent régulièrement le niveau général ; un niveau qui plonge malheureusement trop souvent dans la balourdise pour être plaisant.


D’ailleurs, c’est peut-être le mot qui me viendrait le plus spontanément à l’esprit pour qualifier l’impression générale que je me fais de ce film : balourdise.
Il n’est pas révoltant en soi, mais il est quand même sacrément balourd.
Franchement, on touche le fond quand on a dans le même film d’un côté les rires diaboliques de Denis Lavant et de l’autre ces duels épiques aux issues fantasques...


(La palme revient au duel final mené par le duc qui s’est certainement pris trois balles et s’est fait sectionné huit artères avant de mourir, ce qui ne l’a pas empêché d’ailleurs de continuer à combattre avec vigueur pendant de longues minutes durant ! Ah cette noblesse ! Elle a la peau dure !)


...
L’un dans l’autre, j’aurais pu aimer ce film.
On sent quand même qu’il est généreux et qu’il a essayé de raconter une grande histoire.
Seulement voilà, pour parvenir à cela, il faut une certaine maitrise. Une maitrise que malheureusement Jean-François Richet n’a pas.
Ça n’en dérangera peut-être pas certains, et tant mieux pour eux. Mais pour moi ça pose quand même beaucoup trop de barrières.
Comme quoi un Vincent Cassel ça ne suffit pas toujours…

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le 10 janv. 2019

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