Quantième Art
Revenu d'horizons lointains (ayant tourné au Pérou) comme d'idées moins exotiques par l'endroit comme par la forme (Les Nains aussi ont commencé petit était tout à fait étrange), Herzog ne pouvait guère se permettre de perdre le rythme. Défi réussi avec Kaspar Hauser. Rarement un réalisateur aura mieux su mettre « à sa sauce » une histoire réelle.
Malgré les atours que le scénario arbore et qui peuvent nous laisser supposer cette nature originelle, l'histoire est tellement idiomodelée – et cela sans tricherie ou liberté d'adaptation – que c'en est presque invisible. Elle est comme un ballon rempli complètement d'une œuvre du septième art géniale, sans qu'il paraisse prêt à exploser ou que le film semble en dépendre comme d'un support. « Rien ne vit plus en moi que la vie », dit Kaspar... « Rien ne vit plus en mon film que l'histoire », pourrait en dire l'auteur. Comment croire que des personnages si éclatants de personnalité puissent avoir été vrais, ou être nés du glauque ? D'où les acteurs tirent-ils cette ferveur et ce naturel qu'on sent dans leur jeu ?
En tout cas, s'étant octroyée une belle marge de manœuvre, cette réussite générale n'a pas empêché le réalisateur de mettre sa griffe en supplément gratuit, ce cocasse un peu aigre et ces caméos adressés au connaisseur qui rendent certains passages normalement fades drôles et la fin normalement anonyme marquante.