Dans L'Esquive, Kechiche fait ce qu'il sait faire de mieux : filmer les milieux populaire avec un œil bienveillant. Il se concentre sur le positif de la vie dans les cités et montre que c'est avant tout un lieu de vie.
Le langage est le thème central de l’œuvre mais c'est aussi la première chose qui nous frappe lors de l'ouverture du film. La façon de parler des jeunes de banlieue est crispante au début, mais il n'y a plus de problème une fois qu'on a pris la température. Il faut dire que le jeu des acteurs aide beaucoup, ils ont tous énormément de naturel et sont crédibles.
Les ruptures du niveau de langue lorsque les jeunes répètent la pièce de Marivaux sont peut-être les moments les plus marquants du film, d'une part parce que les acteurs s'amusent autant que les élèves qu'ils jouent et d'autre part parce Kechiche montre qu'ils respectent la pièce de théâtre en tant qu’œuvre. Comme le dit Lydia à un moment, "On est pas là pour changer le texte, mon frère ! Si tu commences à changer le texte, bah moi aussi je vais changer le texte, je vais mettre n'importe quoi. C'est pas possible.".
C'est amusant de voir que Kechiche était déjà très fan des gros plan 10 ans avant La Vie d'Adèle. Avec son style naturaliste, il amène le spectateur dans l'intimité de ses personnages. On vit avec eux, ce qui fait qu'on s'attache à eux et qu'on comprend leur façon de penser. C'est particulièrement visible lors des répétitions avec la prof de français : on voir la rupture générationnelle et sociale, mais en même temps on qu'ils se font confiance l'un l'autre. L'ensemble sonne juste, il y a juste le passage avec les policiers qui est très manichéen, mais on va dire que cela passe parce que le film prend le point de vue des jeunes.
Un bon Kechiche, qui souffre d'un histoire plutôt lente malgré une suite des événements intéressante.