L'Étrangleur de la Place Rillington par Nom-de-pays-le-nom

Personnellement, je le préfère à "L'Etrangleur de Boston". La complexité psychologique du personnage y est considérablement plus avancée. Certes, dans le film de 1968, la plastique se substituait non sans talent à cette même complexité, ou disons qu'elle prenait en charge une psyché finalement pas si compliquée à saisir. C'était ces fameux split-screen, dont il faut redire à quel point ils ne sont pas un "truc" de mise en scène, mais une véritable technique, et qu'elles sont maniées avec un brio certain (on y ressent non pas tant l'angoisse des futurs victimes qu'une angoisse plus insensible, plus sourde, répandue justement par la grâce du split-screen aux quatre coins de Boston et en chaque habitant). Mais le tueur, lui, bien qu'interprété magistralement par Tony Curtis, demeurait somme toute assez plat, ou en tout cas bien moins fascinant que celui de "Rillington place" : trop innocent, en fait ; la schizophrénie se concilie mal avec la fascination.


Dans "Rillington place", au contraire, pas de coups d'éclat stylistiques, mais une remarquable sobriété. Et pourtant, l'horreur n'en est que plus percutante, tant le déroulé des événements va extrêmement loin. Richard Attenborough a-t-il dépassé Tony Curtis ? En tout cas, il signe une très grande composition : on ne ressort pas vraiment indemne de cette physionomie de petite taupe, de ce crane chauve, de ces yeux ronds agrandis par les verres de ses lunettes, et surtout, surtout, de sa voix douce, posée, presque chuchotante. Le portrait est beaucoup plus retors : Christie sait à tout moment qui il est, il ne souffre d'aucun dysfonctionnement mental flagrant. Comment décrire la sensation que l'on éprouve à le voir manipuler ainsi le pauvre Evans, commettre les actes les plus terribles, en transportant son corps fragile et mou et en posant sa voix délicate sur toutes ces atrocités ? Il y a quelque chose que l'on ne comprend pas, ou que l'on comprend trop bien : ce type est trop banal. Et tout est trop banal : le cadre, la maison, le couple, l'ambiance. Est-ce réellement ainsi que se produisent les choses les plus inconcevables ?

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le 30 nov. 2020

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