Avec cette petite chronique rurale autour d'adolescents commençant à s'ouvrir aux questions de l'amour et de la sexualité, on devine un produit de commande (sous directives américaines pour changer les mentalités - un peu comme les Montagnes bleues de tadashi Imai en 1949 ? ).
Mais Naruse étant Naruse, il injecte de la personnalité et de la sensibilité à ce film tout en frémissements et lyrisme candide. Il en fait même sans doute parfois un peu trop dans une certaine imagerie d'Epinale avec une vision idéalisée des jeux entre collégiens et une musique trop systématique et surlignante. Fort heureusement rien de mièvre ni de didactique grâce à un ton souvent léger, voire irrévérencieux pour l'époque (une élève dessine sur le tableau de l'école les différents types de seins de ses camarades aperçus lors de la visite médicale). C'est ainsi frais, plein de tendresse et d'une certaine malice, tout en réservant des moments plus graves. .
Le sujet ne traite cependant pas vraiment tout à fait de la découverte de la sexualité, en se mettant au niveau des doutes de ses jeunes héros : une servante qui passe beaucoup de temps avec un garçon (ce qui crée des ragots), l'incompréhension d'une fille face à un père qui les mets en grade contre les sorties en groupes, une camarade de classe tombant enceinte ou encor les pulsions d'un jeune peintre trop enthousiaste envers une camarade qui finira traumatisée. On pourrait trouver ça un brin superficiel mais pour l'époque la liberté de ton est assez rare et il faudra attendre les chroniques adolescentes de Ko Nakahira pour retrouver cet esprit (et que Naruse retrouvera brièvement dans la première moitié de Courant du soir en 1960). Et il faut surtout reconnaître qu'on très rapidement sous le délicieux charme du traitement, justement grâce au regard tendre du cinéaste et son indéniable sens des compositions, des paysages et des visages.

anthonyplu
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le 19 sept. 2020

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