-Léger Spoil-
L'héritière est un film qui marque par sa cruauté. Il déconstruit l'idée, encore fort ancrée, du père Noël : "Si vous êtes bons, vous serez récompensés".
L'histoire suit Catherine Sloper, riche héritière au caractère effacé, osons dire fade. Peu confiante, elle est la première surprise lorsque Morris Towsed, un homme aussi beau que charismatique se prend d'intérêt pour elle. Cette romance naissante semble être pour Catherine une revanche sur la vie, un pied de nez aux trop nombreuses personnes qui l'ont dépréciée (jusqu'au spectateur peut-être) et tout particulièrement à son père qui n'a de cesse de la comparer à sa défunte épouse. Epouse à laquelle il prête les hyperlatifs les plus élogieux et ne reproche qu'une chose ; ne pas avoir su lui donner une fille à sa hauteur.
Ce père ne va donc tout simplement pas comprendre l'engouement du charmant Towsed à l'égard de sa fille et nourrir dès les premiers instant des soupçons quant aux réelles intentions du jeune homme.
Une des forces du film est le personnage de Olivia de Havilland ; la jeune femme n'est pas, comme souvent dans les comédies romantiques, une "perle qui ne demande qu'à être découverte". Non. Elle n'a réellement pas grand chose pour elle et on comprend assez facilement les opinions peu flatteuses de son entourage. Cependant, elle n'en est pas moins touchante, dans son "innocence" qui se rapproche plus d'un optimisme courageux et dans son sacrifice désespéré de l'amour sincère.
Au delà de la romance, c'est dans la relation au père, très violente, que tout se joue. C'est là que la justesse des personnages est la mieux mise en valeur.
Justesse est d'ailleurs le mots qui convient le mieux à ce film de manière générale, elle est partout, dans le jeux des acteurs, dans les dialogues, dans le message.
Entre grands espoirs et déconvenues, c'est une vraie lutte qui se joue, lutte dont la mise est trop importante. Le film laisse l'impression d'avoir assisté à la mort douce d'une femme qui n'a eu qu'un seul coup à jouer.
2018