Après le succès de La nuit américaine, François Truffaut change complètement de braquet, avec une histoire dramatique portant sur la fille cadette de Victor Hugo, Adèle.
Alors qu'elle arrive sur Halifax, en Nouvelle-Ecosse, elle se prénomme Adèle Lewly, femme d'un docteur imaginaire, mais surtout, pour éviter l'ombre de son père qui semble lui peser plus qu'autre chose. En fait, on apprend assez vite qu'elle est à la recherche du lieutenant Albert Pinson, avec qui elle a déjà eu une brève liaison, mais dont elle reste follement amoureuse. Amour qui n'est qu'à sens unique, mais qui va la consumer aux frontières de la folie.
L'Histoire d'Adèle H est le dernier film de François Truffaut qu'il me restait à découvrir, et j'en suis au fond ravi, car il emprunte une voie plutôt classique de son auteur, qui est le portrait d'une femme névrosée, dont on devine qu'elle est déjà pas bien quand on voit ses réactions brusques mais qui se considère dans son bon droit. Cette Adèle est incarnée par une Isabelle Adjani incroyable, à la fois juvénile, et qui semble vieillir sous nos yeux au fur et à mesure de ses rencontres avec d'autres, comme ce fameux Albert Pinson qui ne lui exprimera que du dédain. Y compris quand les gens d'Halifax vont peu à peu découvrir que son père n'est autre que Victor Hugo, car ses lettres pour lui demander de l'argent sont à destination de l'auteur.
Comme souvent, Truffaut voulait faire un film difficile après une réussite commerciale, comme s'il avait honte de ses succès. Et bien lui a pris, car La nuit américaine est déjà formidable (c'est d'ailleurs mon préféré de son réalisateur), mais L'histoire d'Adèle H. est aussi à marquer d'une pierre blanche. Amour à sens unique qui brûle au plus fort avant que la flamme ne s'éteigne. Comme souvent, dans les films à costumes, on peut regretter un certain classicisme dans la mise en scène, mais c'est si bien raconté...