Encore et encore un western massif de Mann. Comment fait-il le bougre?

Par bien des aspects le combat intérieur, entre le bien et le mal, la barbarie et la civilisation, entre le passé et le futur, ces ritournelles métaphysiques qui passent sur le visage tendu de Gary Cooper ne sont pas loins des déchirements introspectifs de James Stewart dans L'appat.
De la même manière, Mann utilise l'environnement pour placer les individus dans une prison métaphorique. Dans L'appat il s'agissait des forêts et des montagnes pour clore l'horizon des personnages, ici ce sont les enclos et les roues de charriot qui emprisonnent.

Le combat que mène Cooper est tout autant sinon plus moral que celui de Stewart. Il est aidé en celà par une mise en place des personnages dans le cadre. Différence de niveaux, de classes, entre un John Dehner presque sous terre, dans les détritus et un Gary Cooper au dessus, entre ciel et terre, entre paradis et enfer. De même que le fantômatique Lee J. Cobb, en haillon, errant tout le long du film dans un jeu de dupes où il ne sait finalement plus qui il est. Découpant la crête de la montagne sur des séquences près de la fin du film, il parait vagabonder ne sachant où aller. Il finira par dégringoler plus bas que terre, au fin fond des enfers.

C'est donc à un film amplement métaphysique, à la mise en scène parfaitement en adéquation avec cette ambition que nous invite Anthony Mann.
Malgré les couleurs affadies de l'édition Carlotta, il n'en demeure pas moins que c'est un spectacle tout autant divertissant que troublant et démontrant le talent extraordinaire du cinéaste.
Alligator
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le 23 janv. 2013

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