A l'instar de Clint Eastwood, Woody Allen est un cinéaste prolifique (un film par année, bon ratio), seulement si j'aime à en mourir le premier quitte à venir soutenir ses projets les moins inspirés grâce à toute ma mauvaise foi, il m'est impossible d'en faire de même avec le réalisateur new yorkais. Qu'on se le dise tout de suite, je ne suis guère un amateur du cinéma du monsieur. Si ses premiers longs avaient leurs qualités que je ne peux dénigrer, de nos jours, ce n'est plus forcément le cas. L'Homme irrationnel ne fait pas exception.


Je n'ai rien contre le fait de parler philosophie, amour, cynisme, dépression, mais par pitié, que cela ait du fond ou un quelconque intérêt. Un apport. Nouveau si possible. Ici les thématiques sont jetées, pour au final ne rien apporter de concret. Fut un temps où les dialogues de notre octogénaire avaient une vraie force, il n'en est dorénavant plus rien, allant de banalités en banalités. Encore que le film n'est pas tant bavard que ça.
Le scénario est plutôt convenu, assez classique, et rappelant à plusieurs occasions Match Point ainsi que Crime et Délit. Les trois temps du film sont de plus assez inégaux, la première partie tarde à se finir alors que la dernière semble tomber à l'eau. Seule la seconde où l'on assiste au développement du personnage d'Abe Lucas a réussi à me convaincre.


Pourtant tout n'est pas à jeter, Emma Stone est comme à son accoutumé pétillante, pleine de charme alors que de son côté Joaquin Phoenix en prof dépressif n'est pas mauvais non plus, certes pas brillant si on compare sa performance à celle de Her. Le reste du casting est, et j'en suis désolé, transparent, ce qui au pire n'est pas bien grave vu que l'on se penche tout de même très peu sur d'autres personnages.


Les plans sont correctes, le réalisateur prend (à mon sens) plus le temps de poser ses cadres, de les travailler plus qu'à son habitude, et c'est un effort que je salue, c'est pas plus mal comme ça.


Côté bande son, difficile de juger cet unique thème qui revient tout à long du film. Autant par moment il s'avère être à propos, alors qu'il peut lors de la scène suivant se trouver complètement rébarbatif, quitte à vous rendre la nausée. C'est gentillet, voilà.


Au final, L'Homme irrationnel se laisse regarder, mais ne vient rien apporter de plus à la filmographie du cinéaste, qui ferait mieux de prendre un peu son temps pour nous pondre ses futurs films.

Sasha_R
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2016 mamène

Créée

le 12 janv. 2016

Critique lue 435 fois

4 j'aime

Sasha R

Écrit par

Critique lue 435 fois

4

D'autres avis sur L'Homme irrationnel

L'Homme irrationnel
pphf
6

Le phénix peut-il renaître de ses cendres ?

Sans doute pas ce Phoenix là, dépressif et ventripotent, maître en philosophie spécialisé en philosophie de comptoir … (… encore que – malgré ces handicaps évidents, il n’en remporte pas moins un...

Par

le 25 oct. 2015

46 j'aime

15

L'Homme irrationnel
Docteur_Jivago
5

Pile ou face

Pile ou face... le hasard... en plus d'être au coeur du film, c'est aussi une manière de décrire la carrière de Woody Allen (enfin, surtout depuis une vingtaine d'année) dont on aurait autant de...

le 30 déc. 2015

34 j'aime

12

L'Homme irrationnel
Fritz_Langueur
9

De l'intérêt du pragmatisme...

« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour tout faire bouger ». Ce n’est pas Woody Allen qui contredira Julien Gracq, avec...

le 15 oct. 2015

32 j'aime

6

Du même critique

Mad Max - Fury Road
Sasha_R
9

Mad 'fucking' Max is back

L'attente aura été longue, plus de trente ans séparent Mad Max : Fury Road du troisième opus. Mais le jeu en valait la chandelle. A une époque où les films d'actions, ne sont plus qu'un bête...

le 20 mai 2015

6 j'aime

Get Out
Sasha_R
8

Critique de Get Out par Sasha R

Difficile en ce moment de passer à côté de Us, le dernier échantillon cinématographique de Jordan Peele, qu'on se le dise. Le garçon balade son film de partout, que ce soit sur les réseaux sociaux,...

le 26 mars 2019

5 j'aime

3

L'Homme irrationnel
Sasha_R
5

Critique de L'Homme irrationnel par Sasha R

A l'instar de Clint Eastwood, Woody Allen est un cinéaste prolifique (un film par année, bon ratio), seulement si j'aime à en mourir le premier quitte à venir soutenir ses projets les moins inspirés...

le 12 janv. 2016

4 j'aime