Pile ou face… le hasard n’est pas seulement au cœur de L’Homme irrationnel, il pourrait aussi résumer la carrière récente de Woody Allen. Depuis une vingtaine d’années, chacun de ses films est une loterie : réussite ou déception. Malheureusement, ce film fait partie de la seconde catégorie.
Après un passage sympathique en France avec Magic in the Moonlight, Allen retourne aux États-Unis et retrouve Emma Stone pour incarner une étudiante face à un professeur de philosophie dépressif. Si l’ensemble se regarde sans réel déplaisir, notamment grâce au savoir-faire de son réalisateur, le film reste vide de sens : aucune émotion, sensation ou matière à réflexion.
Allen puise dans sa propre filmographie, notamment Crimes et Délits, mais semble réciter une recette qu’il connaît par cœur. Il aborde des thèmes récurrents (existentialisme, morale, meurtre, amour) avec un certain cynisme, mais sans la force ou l’étincelle qui faisaient la grandeur de films comme Match Point. L’histoire, d’abord prometteuse, peine à captiver, et le mélange de psychologie et de polar reste trop souvent maladroit pour convaincre pleinement.
Le casting souffre également : Emma Stone manque de profondeur, tandis que Joaquin Phoenix parvient à donner un peu de consistance à son personnage. Le seul atout du film réside dans quelques développements imprévisibles et savoureux, notamment autour de Phoenix, qui montrent qu’Allen sait encore surprendre, même si ces moments sont trop rares pour sauver le film.
L’Homme irrationnel est donc une œuvre techniquement correcte, mais dépourvue de passion, de force ou de véritable émotion. Un film qui récite sa propre formule sans jamais retrouver le génie d’antan.