"This is the West, sir. When the legend becomes fact, print the legend".
John Ford nous montre la fin d'une époque. Celle de l'ouest sauvage conquis par la bureaucratie des États-Unis d'Amérique. Le seul vrai duel ici se fait à distance, entre Tom Doniphon et Ransom Stoddard, l'un représentant la vieille époque, l'autre la naissance de la civilisation moderne. Liberty Valance n'est qu'un prétexte pour illustrer cette lutte.
ATTENTION SPOIL !!!
La deuxième lecture que j'entrevoie est celle d'une vision un peu amère de la part de John Ford sur la société moderne. J'en veux pour preuve Stoddard, qui malgré son intégrité n'aurait pas pu se défendre sans l'aide de Doniphon. Ainsi, cette société basée sur la justice n'existe que grâce à une exécution arbitraire, sans aucune forme de procès pour Liberty Valance (qui n'a d'ailleurs commis aucun meurtre dans le film). Cette exécution va donc à l'encontre des valeurs portées par Stoddard. Au-delà de cette contradiction, John Ford rend là, pour moi, une sorte d'hommage mélancolique à l'ancienne époque qui a acceptée de s'effacer à contrecœur pour laisser place à cette modernité. Tout est d'ailleurs résumé dans les dernières paroles que s'échangent Doniphon et Stoddard.
"L'Homme qui tua Liberty Valance" fait partie des meilleurs western de John Ford même si, pour ma part, ça n'atteint pas la dimension mythique d'un "Il était une fois dans l'Ouest" ou "Le Bon, la Brute et le Truand".
Elle est peut-être là, la différence majeure entre ces deux monstres sacrés du western : quand John Ford a fait le choix de filmer les raisons d'un mythe, Sergio Leone, lui, a filmé la légende.