Repartir à zéro

Ce film est un très gros coup de cœur.
D'abord pour la mise en scène de Kaurismäki, un réalisateur qui sait toujours prendre son temps avec ses personnages et qui possède un art du cadre tout à fait exceptionnel.
Ensuite pour le décor très étrange, très exotique qu'est la ville d'Helsinki. On se croirait tout à la fois au bout du monde et à une autre époque, quasi-soviétique. La palette de couleurs froides utilisée par Kaurismäki, ces rouges sombres, ces verts bouteille, ces bleus cobalt,- que l'on retrouve d'ailleurs sur l'affiche - contrastent avec la chaleur humaine qui s'expriment non seulement dans ce film mais dans la plupart des films du réalisateur finlandais mais également avec la bande musicale particulièrement chaleureuse.
Mais la force principale de ce film réside dans l'histoire, celle d'un quinquagénaire qui suite à une agression perd la mémoire et ne réussit pas à retrouver le fil de sa vie perdue (ses papiers ayant été volés). Sans passé, sans identité, sans nom et sans argent le voici qui se reconstruit une petite vie sur les docks d'Helsinki à petits bouts de rencontres humaines : celles de marginaux et puis celle d'une femme. Une femme qui partage avec lui le fait d'être sans attaches et dont il s'éprend. Cette nouvelle vie faite de petits riens, de beaux moments simples apportent sérénité et joie de vivre à notre homme fantôme. Jusqu'à ce que son passé le rattrape...
Cette histoire est très forte car elle renvoie à des fantasmes et des craintes universelles : ma vie peut elle un jour changer du tout au tout ? Puis-je perdre tout ce que j'ai actuellement ? Ou encore comment sortir de ma vie sans souffrance (la mienne et celles des autres) ?

Kaurismäki fidèle à une certaine pudeur qui le caractérise ne livre aucune réponse sur le secret de ses personnages. Et son film accède à la dimension d'une fable universelle susceptible de renvoyer tout un chacun à ses choix de vie.

Personnages/interprétation : 10/10
Scénario/histoire : 9/10
Réalisation/mise en scène : 10/10

10/10 <3