Aki Kaurismaki nous entraîne dans une petite virée au sein de la communauté des sans abris d'Helsinki. Pour faire bref, un homme se fait agresser à la sortie de la gare et est laissé pour mort. Ayant perdu la mémoire, il est alors recueilli par une petite communauté de sans abris et il va y rencontrer l'amour. Bon c'est pas le scénario hyper original qui envoie du bois...

Oui, mais là où nombreux sont ceux qui seraient tombés dans un misérabilisme et/ ou une vulgarité trop souvent vus dans ce genre de film, Monsieur Kaurismaki nous offre un compte moderne où tout n'est qu'optimisme, respect et tendresse. Et c'est rafraîchissant!

Aki ne s'embarrasse pas de choses futiles et inutiles, il va droit au but avec une subtilité impressionnante à l'image de ses personnages hyper attachants. On a là une sacrée galerie d'ailleurs, tous marqués physiquement par la dureté de la vie mais refusant obstinément de se laisser abattre et de tomber dans la sinistrose. Ils possèdent peu, mais s'en contentent et partagent, et, surtout, oui surtout, ils s'autorisent à vivre! A l'image du couple formé par Irma et l'homme sans passé, tout n'est que sobriété et pudeur. Et c'est beau! Si ils n'ont rien à dire, et bien, ils ne disent rien tout simplement...! Et pourtant pas une seule fois l'ennui guette.

Je ne peux m'empêcher de faire un certain rapprochement avec le cinéma de Kusturica pour cet amour des marginaux, pour la dose de folie de ce film (folie beaucoup beaucoup moins présente que chez Emir, mais présente tout de même, plus sur le décalage des dialogues géniaux par rapport aux situations que sur l'outrance), et pour l'utilisation de la musique. J'ai bien dit un "certain" rapprochement....

Et Markku Peltola porte ce film de manière magistrale, tout en flegme (à noter que le flegme Finnois vaut largement le britannique, voire le braquage de banque par exemple), en simplicité et en humour pince sans rire (sans tomber dans l'ironie mordante ou le cynisme) bref un sacré charisme le bonhomme.

Alors attention, jamais on ne tombe dans la franche rigolade, mais le sourire n' a pas quitté mes lèvres une seule seconde et ça, ça me contente largement. Dans cette période déprimante, il existe encore des films qui donnent envie, malgré tout, de croire dans le genre humain (et je sais que c'est pas toujours facile...), et "L' Homme sans passé" en est l'une des plus belles illustrations. Cela fait un bien fou!
Merci Monsieur Kaurismaki!

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le 17 avr. 2013

Modifiée

le 17 avr. 2013

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Kowalski

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