Carlito n'a rien à envier à Tony

"L’Impasse" est la seconde réunion entre De Palma et Al Pacino, tout juste 10 ans après le très grand "Scarface". Le résultat de ces retrouvailles est grandiose, avec cette œuvre qui m’a atteint plus profondément que le magnifique métrage mettant en avant le culte Tony Montana. Toutefois, Carlito Brigante n’a rien à envier à son camarade cubain car lui aussi décroche une place parmi les grands noms de personnages du cinéma.


"L’Impasse" est marquant sous de nombreux points mais je vais directement exposer mon seul reproche : l’ouverture du film. Méthode répandu de mettre, dès les premières minutes, les dernières et le sort réservé au protagoniste. Sauf qu’ici, ce n’est pas franchement utile, sauf permettre d’avoir une superbe ouverture de film. Cependant, le suspens s’en va petit à petit puisque l’on connait le dénouement. Les raisons de ce dernier non, mais la finalité de l’histoire oui. Après tout, je ne peux critiquer ce choix car il ne me déplaît pas tant que ça et il ne me gène pas vraiment au final.
Toutefois, le brio de l’écriture nous fait oublier pendant presque 2h20, cette scène vue au début de l’œuvre. En effet, le film est si bien écrit, réussissant à créer un fil intéressant et de sous-intrigues qui alimentent correctement la grande histoire, que le long-métrage en devient que plus captivant. Surtout qu’à la fin, le film rassemble par des manœuvres assez bien huilées, tous les débordements lors de l’avancée de l’histoire pour tout comprendre, tout apprécier et tout savourer de cette histoire de mafieux.
L’ensemble reste simple, l’histoire n’est pas vraiment complexe. Or, le talent derrière sa narration fait que l’on oubli cette simplicité pour apprécier l’histoire de mafieux racontée par le scénariste David Koepp. C’est même une histoire assez neuve, utilisant les codes du genre tout en les recyclant et en apportant du nouveau pour ainsi mieux briller.


Carlito Brigante n’a rien à envier à Tony Montana. Les deux sont relativement différents, liés par leur interprète et grandioses par le film dans lesquels ils sont. Tandis que l’un voit être placé dans un récit narrant son ascension, dans "L’Impasse" on nous raconte la rédemption, celle d’un ancien mafieux qui sort de prison. Là où l’ascension d’un homme à quelque chose d’excitant à suivre car ça ne peut que mal se terminer, ici c’est différent. Ou peut-être pas vraiment. Cette nouvelle vie que va connaitre Carlito fascine car le personnage lui-même fascine. Le long-métrage repose sur une écriture qui ne cesse de narrer un récit passionnant mais aussi riche. L’histoire est assez juste dans ce qu’elle raconte, dans la façon d’aborder et de construire la vie d’un homme en quête de rédemption, cela car le personnage est à cette image. Le long-métrage repose donc grandement sur son protagoniste, ainsi que son ami l’avocat véreux qui bénéficie d'une place assez importante pour compléter celle du protagoniste.
Si j’aime tout particulièrement ce film c’est parce qu’il est complet. Loin de dire que les autres du genre ne le sont pas, mais "L’Impasse" repose sur l’amour qui va être un fil conducteur important, ainsi que la rédemption évidemment mais aussi le passé qui refait surface et la vie de mafieux qui ne peut-être enfouie. Elle est toujours présente et Carlito en paie le prix. Belle et impactante histoire qu’est celle de ce film.


Je ne peux que saluer la réalisation de Brian De Palma, étant constituée de ce j’aime beaucoup en termes de mouvements de caméra tels que des plans séquences et des plans vertigineux d’une incroyable maîtrise. La patte du cinéaste est reconnaissable et dans un même temps, elle colle si bien avec ce que le film raconte. Cela permet d’offrir des scènes absolument incroyables, car en plus d’une mise en scène de folie, la photographie et la dimension musicale du long-métrage -répertoire musical finement sélectionné-, viennent couronner un esthétisme et une puissance scénographique que je ne peux qu’approuver totalement.


Coté casting c’est impeccable : l’écriture aide à la construction des personnages que leur interprète comprennent dans la composition de leur jeu. Tandis qu'un s'enfonce vers le côté obscur, avocat interprété par un Sean Penn assez peu reconnaissable mais très bon dans son rôle, le protagoniste, Carlito, lui avance vers la rédemption et l'acteur qui l'interprète, le grand Al Pacino, est vraiment remarquable. Une nouvelle fois il apporte beaucoup de nuance à sa prestation, on s'attache à lui malgré son passé assez flou. L'un de ses meilleurs rôles.
Et évidemment, en soutien, une pléiade d'acteurs corrects dans les seconds rôles.


"L'Impasse" est incontestablement un grand film. Saisissant, passionnant et d'une grande maîtrise, le long-métrage fait partie des pépites du genre mafieux, qui a su tirer son épingle du jeu malgré les grands noms qui ne parviennent à lui faire de l'ombre. "L'Impasse" égale ces derniers, film incroyable, grande oeuvre signée Brian De Palma, le long-métrage est entré dans mon panthéon de mes films favoris.


Ma note : 9.5/10

JCooper
9
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le 26 avr. 2020

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J_Cooper

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