Trois premiers quarts d'heure jubilatoires...



On passe volontiers sur le choix de la victime.
La rendre aussi désagréable --- pour que sa disparition soit plus acceptable ?! --- ... le procédé est lourdaud.


Et puis, son léchage de boules (de glace) au parc d'attractions manque d'élégance.


Quant à son passage dans le "tunnel of love"...
( l'expression grivoise que recouvrent désormais ces trois mots ne devait très certainement pas avoir cours en 1951)


en tout cas, excusez ma grossièreté, mais... après y être passée... elle l'a effectivement eu dans le fion, la pauvre


L'insignifiance de son mari (Farley Granger le limaçon --- aussi couille molle que dans La Corde) n'est pas gênante, par contre. On le croit ainsi parfaitement capable de se faire manipuler par l'inconnu du Nord-Express.


Ce stranger on a train (Bruno Antony), ce prodigieux cintré est magistralement interprété par Robert Walker.
Tantôt avenant, tantôt inquiétant, tantôt drôle... sa présence, son jeu et ses mimiques régalent. Grâce à lui, le spectateur a droit à des scènes exquises
( avec sa mère, avec le gosse aux ballons...)


Autre personnage qui détonne : celui joué par la fille unique d'Hitchcock (Patricia). Pleine d'esprit, d'entrain, arborant un franc-parler et un humour noir décapants, elle est éclatante ; bien plus que sa sœur, incarnée par la belle mais fadasse Ruth Roman, dont le jeu se résume à trimballer un air grave et à balader ses yeux de droite à gauche.


À propos de balade, celle des têtes des spectateurs lors du premier match de tennis est un autre délice parmi les trouvailles et la classe du Britannique.



... et puis patatras !



( et encore, je suis gentil : ça patine déjà quand même au bout de 45mn ; mais rien de très méchant en comparaison du bouq... de la gerbe finale )


-- Mon dieu, cette partie de tennis qui n'en finit pas, animée par des amateurs en plus (curieux que ça se jouât en trois sets d'ailleurs, non ?)


-- Et cette musique épouvantable censée scander la montée... non pas au filet.. mais du suspense.


-- Oh ! Le coup du briquet dans la grille d'égout : déplorable.
C'est l'Inspecteur gadget, notre Bruno ? ... Il a des bras télescopiques ?!


-- Et ce pugilat, à la fin, sur le manège en folie ! ... Le vieillard volontaire pour ramper dessous comme une vieille tortue ! ... Ces images maladroitement accélérées (comme dans les pire Tarzan de Weismuller)... jusqu'à la pulvérisation totalement improbable.


Un beau gâchis (une fois de plus).


Mais comme, malgré le déploiement des meilleurs arguments (il y en a sur ce site, chez les personnes ayant noté maximum 6/10), les transis refusent de décoller de la trogne d'Alfred l'estampille "Maître du suspense" --- une belle imposture* ---, ce thriller au dénouement si pathétique (le comble pour un thriller) parvient tout de même à atteindre la jolie note de 7,7/10 (au 12 octobre 2020).


Je ne le répèterai jamais assez : l'indulgence dont bénéficie Hitchcock est consternante.


Alfred, vieux crabe... qui continue son emprise sur le paresseux, le ravi et surtout les tendres timorés... Honorer Hitchcock, ça vous pose le caressant suiveur ou le pleutre ( comme révérer jadis un Sartre, un Lacan... ; aujourd'hui encore... un Foucault, un Deleuze, un Bourdieu... ).



Hitchcock : maître du suce-pinces...



* Combien de films (très) moyens en comparaison de la poignée d'indéniables réussites ( Les 39 marches, Psychose, Sueurs froides, Fenêtre sur cour...) ?!

Arnaud-Fioutieur
6

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Créée

le 12 oct. 2020

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