En 1971, un polar ayant pour héros un flic désabusé et solitaire au profil de chasseur débarque sur les écrans américains. C'est le début d'une saga qui durera plus d'une décennie. Armé de son .44 Smith & Wesson Model 29, notre héros parcours les rues de San Francisco à la recherche de l'infâme Scorpio, tueur fou et sadique.

L'Inspecteur Harry Callahan se distingue avant tout par son attitude calme et son cynisme face aux situations les plus dramatiques. Flic de choc au sang froid, méprisant aussi bien les voyous que les bureaucrates grassouillets qui l'empêchent de faire son travail, il fait la justice dans la ville à grands coups de flingue et pose les bases d'un nouveau genre de polar.

L'immense succès critique et public du film (95% sur Rotten Tomato, souvent classé dans les sélections des meilleurs films de tous les temps) n'est pas démérité. Le scénario est bien ficelé et prend le temps de mettre en avant son personnage principal. De même, l'enquête est intéressante et pleine de rebondissements bien sentis. Quant à Clint Eastwood il trouve ici un des rôles de sa vie. Il faut le voir manger son hot-dog en dégommant les braqueurs de banque jusqu'à se tirade finale qui mérite bien d'être cité dans le texte:

I know what you're thinking. "Did he fire six shots or only five?" Well, to tell you the truth, in all this excitement I kind of lost track myself. But being as this is a .44 Magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you've got to ask yourself one question: Do I feel lucky? Well, do ya, punk?

Définitivement une scène qui fait date dans l'histoire du cinéma.

Le spectateur assiste à l'enquête de Callahan mais aussi aux exactions mémorables de Scorpio. Le méchant de l'histoire, incarné avec brio par Andy Robinson, est des plus inquiétants et parvient à inspirer le plus grand dégoût à la fois par ses méthodes et son attitude générale.

La position critique du film vis-à-vis du système judiciaire renforce encore le scénario en lui donnant une portée morale. Dirty Harry a déchainé les passions à sa sortie. La gauche américaine, les féministes y voyait un support de défense des idées conservatrices. Aujourd'hui Harry Callahan est entré dans l'imagerie populaire autant comme flic de choc que comme caricature du macho passéiste quelque peu ridicule.

La richesse du scénario est servie par une réalisation technique à la hauteur. Une fois n'est pas coutume, je commence par citer Lalo Schiffrin qui livre une bande son formidable. Savant mélange de plusieurs influences c'est un véritable régal pour les amateurs de bandes jazz et de musique de film. Au niveau de la photographie, la qualité est aussi en rendez-vous alternant entre scènes baignées dans la clarté des journées de San Francisco et sombres moments nocturnes qui rappelle au spectateur qu'une fois le soleil couché, c'est toute la faune de la ville qui s'éveille. Saluons aussi le travail de mise en scène et de cadrage toujours pensé pour mettre en avant le héros ou les buildings de San Francisco.

En conséquence, il faut voir Dirty Harry qui que vous soyez ou que vous viviez. Et si t'es pas content je sors mon .44, punk.
Etheroman
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le 27 janv. 2011

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Etheroman

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