Vingt ans après le film de Don Siegel, revoici une deuxième adaptation du roman éponyme de Jack Finney, cette fois-ci mise en scène par Philip Kaufman. Nanti d'un budget on ne peut plus confortable et d'un casting trois étoiles, le réalisateur de La Légende de Jesse James nous livre un remake plus violent, plus sombre mais aussi plus lent autour de cette histoire d'invasion extra-terrestre hors du commun où une petite ville américaine se retrouve peu à peu transformée lorsque ses habitants changent d'attitude du jour au lendemain...
Conservant la trame originale tout en changeant la personnalité de ses protagonistes ainsi que certains rebondissements ajoutés pour l'occasion, Kaufman réussit à préserver la tension progressive de cette invasion de l'ombre et la complète avec des passages plus effrayants, visuellement parlant du moins (la découverte du double de Jack, les nombreuses décompositions gélatineuses des pods...). Hélas, ce qu'il gagne en scènes-choc et en atmosphère pesante, le film perd en efficacité. D'une durée de presque deux heures, ce remake peine à pleinement captiver, le début du film étant assez lent à se mettre en place et beaucoup de séquences étirées plombent considérablement le dynamisme du long-métrage.
Un montage plus concis et un rythme moins lancinant auraient sûrement permis à l'histoire d'être plus attractive. Toutefois, la qualité de l'interprétation vient rehausser ces baisses de rythme malencontreuses. Entre Donald Sutherland, parfait en docteur déterminé, à Brooke Adams en passant par Leonard Nymoy, le jeune Jeff Goldblum et l'excellente Veronica Cartwright, on jubile de voir ces stars à l'écran se démener pour sauver leur peau. De plus, on notera quelques clins d'yeux au film de Don Siegel avec l'apparition malicieuse de McCarthy en illuminé annonciateur du futur désastre ou encore Siegel himself, grimé ici en chauffeur de taxi inquiétant. Ainsi, L'Invasion des Profanateurs reste en soi un bon remake ou plutôt une bonne nouvelle adaptation du roman de Finney, inférieure au premier long-métrage mais néanmoins assez réussie, restant certes un classique du film de science-fiction qui a malheureusement plutôt mal vieilli.