La fureur de vivre et de mourir
Depuis l'adolescence, je ne cesse de me passionner pour la musique. Cet intérêt a débuté avec ma découverte du metal apportée par de nouvelles fréquentations fin collège. Encore aujourd'hui, j'aime beaucoup ce genre, mais il en est un autre, découvert dans la foulée peu de temps après, qui me chamboula comme jamais : le PUNK. Le punk et le grunge, son dérivé 90's, pour être précis...
Je voyage donc depuis, de genre musical en genre musical, du jazz, au hip-hop, trip-hop, en passant par le black metal, la chanson française ou la musique classique, avec un réel intérêt. Je suis un Ulysse qui accomplit son Odyssée musicale. Mon Ithaque n'est autre que le punk, ce genre qui est tout à fait mien, qui est mon identité, mon origine, ce genre dont les préoccupations existentielles, politiques, contestataires, provocatrices, me correspondent tout à fait, ce genre dont la sonorité directe sans fioriture me touche directement. Ce genre représenté pour moi par des grands noms tels que Nirvana, Iggy Pop, Anti-Flag, les Ramones, les Clash, et les SEX PISTOLS ! Punk rock über alles...
En apprenant l'existence d'un tel documentaire, je fus donc forcément très curieux de découvrir en détails l'histoire d'un groupe culte de ma jeunesse (bien que je sois né 10 ans après sa séparation), en détails parce que j'avais déjà, jusqu'à présent, pu relever quelques anecdotes lors de mes flâneries culturelles.
Et quel étonnement ! Quelle surprise ! Ce que j'avais pris à terme, avec le désenchantement du sortir de l'adolescence, comme un boys band de rebelles de pacotille, correspond finalement beaucoup plus à ma conception originelle, conception pure et pleine de sincérité. D'ailleurs, histoire de bien spoiler la fin, les derniers mots du film à ce propos sont assez éloquents : "Tout ce que je veux c'est que les générations futures disent : "Ras le bol ! Voilà la vérité !""
Une recherche d'authenticité, c'est ce qui ressort de ce documentaire d'1h45. Le contexte social est difficile, la classe ouvrière est délaissée, les émeutes se multiplient, la colère gronde. Un groupe décalé qui a décidé de ne pas joeur le jeu du système, sort vite de ce lot de productions préformatées balancées par les chaînes de TV : les Sex Pistols. L'appel vient de la rue. Les Sex Pistols contiennent toute cette rage ambiante et enchaînent très vite les occasions de mettre des coups de pied aux institutions, à l'ordre établi, aux conventions... La révolte n'est pas que musicale, elle est aussi, et surtout, culturelle.
On verra par la suite de nombreux groupes se créer sur leur modèle. On peut penser à Siouxsie que l'ont voit sur de nombreux extraits de l'époque en compagnie de Rotten, Vicious et compagnie. Le punk naît doucement (aidé également par la contribution des Clash et celle, américaine, des Ramones). Le documentaire retrace très bien cette agitation folle, qui devient rapidement ce que l'on peut qualifier de sous-culture, avant de s'éteindre dans la tristesse d'une uniformisation punk au détriment de l'expression individuelle célébrée à l'origine (comme le remarque si bien Rotten). Le punk s'institutionnalise et meurt du coup de cette façon. 1977, la grande année, a passé, les Sex Pistols se séparent. Ils étaient de toute façon voués à l'autodestruction (et je leur reproche, ô combien, leurs précédentes reformations !!!!). Vicious est impliqué dans le meurtre de sa compagne Nancy. Il meurt peu de temps après d'overdose. C'est la fin du tumulte, la fin d'une époque, le début de la légende...
Leur carrière ne fut pas bien longue (3 ans) mais ils ont marqué à jamais le paysage du rock. Ce documentaire nous montre un groupe qui aimait la scène, qui aimait la musique, un groupe touchant par sa maladresse face au showbusiness, un groupe qui a souffert des erreurs d'un manager exécrable. C'est l'histoire d'une désillusion, d'une bande de jeunes à qui tout réussissait et qui a tout perdu, une bande de jeunes qui a toujours lutté contre les illusions, qui a toujours lutté pour la vérité, aussi dure et dérangeante soit-elle. Il manquerait peut-être à ce documentaire davantage de neutralité, davantage de recul vis-à-vis des propos des membres du groupe condamnant certaines personnes comme leur manager ou Nancy, la compagne de Vicious. Du recul ou du moins des confrontations d'arguments avec les parties incriminées (comme c'est le cas pour Sid Vicious qui recueille un témoignage plus nuancé).
Un très bon documentaire en somme, à voir pour tous les passionnés de musique. Un documentaire riche en anecdotes (j'ai appris que ce serait Sid Vicious qui aurait inventé le pogo !) et très bien monté.
Sur ce, je me repasse Never mind the Bollocks tout de perfecto et de Doc Marteens vêtu...