L'homme qui filmait les océans

J'ai rêvé de nager sous l'eau, de voyager, de conquérir les océans, mais ce que j'aurais du faire était de le protéger. Jacques Cousteau
Il n'est pas trop tard. Philippe Cousteau

Il faut que je dise une chose. Cousteau est un de mes héros. J'ai grandi avec ses films et ses exploits. J'ai appris bien plus sur l'océan que dans n'importe quel film et émission. Donc quand un film sur le célèbre explorateur était annoncé, j'étais ravi. Surtout qu'il y avait au casting, Lambert Wilson dans le rôle du commandant, mais aussi Audrey Tautou et Pierre Niney (moi qui voulait voir Frantz, je suis servi). Du coup qu'en est-il du film ? Et bien...pas mal.

Jérôme Salle aux commandes

A la réalisation, on a Jérôme Salle, le réalisateur des 2 Largo Winch (dont j'ai vu le premier opus mais pas encore critiqué) et de Zulu. Bref, c'est un habitué des projets ambitieux. Et là il nous le prouve en utilisant le budget alloué pour donner une grande allure de fresque aventureuse sous-marine. Cela dit, donner l'air n'est pas mal, mais au niveau de la réalisation, on reste dans du classique. C'est beau, c'est grandiose, mais pas franchement innovant. Les enchaînements temporelles sont mieux gérés que dans le dernier biopic que j'ai vu (à savoir la Danseuse). Cela dit on et bien immergé dans la vie du navigateur et son univers. Maintenant on passe aux personnages.

Dans l'équipage du Calypso

Pour incarner le commandant Cousteau, nous avons Lambert Wilson. Il incarne bien le vieil idéaliste poursuivit par un rêve qui est que l'homme puisse vivre sous l'océan et de faire découvrir ses merveilles. Mais il est au final, tellement dans son obsession qu'il s'est mué en commandant qui ne fait plus attention à ses proches, que ce soit sa femme ou Philippe son jeune fils. Le film lui dresse un portrait sympathique mais pas lisse. Du coup, on fait en sorte que le personnage se déconstruit à travers le regard des autres avant son propre regard. Ce qui n'est pas mal du tout. Cela dit, il y a juste un problème : le film nous laisse trop suggéré le faite qu'il se déconstruit. Du coup par empathie on trouve plus son entourage détestable que lui. Mais sans doute que cela est le but : de montrer que son rêve l'aveugle au point de ne pas voir ce qui est évident face à lui.

Philippe Cousteau (Pierre Niney) est le fils qui a toujours éprouvé de l'admiration pour lui. Son rêve est plus de devenir pilote, mais c'est le personnage qui évolue le plus dans le film. D'abord il rejoint son père mais il est témoin bien avant lui des conditions et des sacrifices du rêves de ce dernier. Il voit en premier que l'environnement doit être préservé et est le premier à militer pour la cause. C'est un peu la lanterne de son père dont il a perdu de vue progressivement. Cela dit, il y a un problème que j'exposerais plus tard.

Simone Cousteau (Audrey Tautou) est la femme qui a tout sacrifié pour le rêve de son mari et le suivre. Si au début, elle est vraiment son principal soutient, leur relation se dégrade très vite et ils ne sont ensembles que pour sauver les apparences. Et surtout parce que comme elle le dit, la Calypso est sa maison. Je trouve qu'Audrey Tautou vieillissante n'est pas mal. Elle joue bien la femme du sud devenue un peu cynique et aigrie par sa condition.

Jean-Michel Cousteau (Benjamin Lavernhe) est le deuxième fils devenu architecte mais qui au final se retrouve à gérer en partie l'entreprise de son père. Je le trouve assez transparent dans le film mais il a quand même une petite présense.

Le reste n'a pas vraiment d'importance. On a bien Bébère (Vincent Heneine) qui est un plongeur loyal au Commandant Cousteau. Il n'est pas aussi développé que dans la réalité mais bon. L'une de ses caractéristiques est surtout d'être un peu en froid avec la fougue de Philippe, ce qui l'amène à quelques claches et aussi de prendre soins de Simone. Pareil, pour les personnages des "mousquemers" qui n'ont que peu d'importance.

Du rêveur à l'engagé

Contrairement à la plupart des biopics que j'ai vu au cinéma cette année, on a pas un récit de Rise and Fall mais du rêve à l'engagement. Jacques-Yves Cousteau a un rêve qui a envie de partager et dans lequel il y croit. Mais son histoire montre à quel point le rêve a finit par le détourner de la réalité. Le fait qu'il est allé toujours plus loin afin de montrer ce qu'il voit, les sacrifices que cela engendre et le coût dont il n'a pas conscience, la où son fils lui est plus réaliste. Le film ne s'attarde pas assez sur la part sombre de sa vie. On le sait d'un détour d'un plan mais c'est tout

Cela dit, le film conserve son fil conducteur qui est a relation entre lui et Philippe, qui lui a quand même pu avoir une vie de famille un tant soit peu équilibré. Cela dit, je n'ai pas compris son revirement

Bon ok, je sais que c'est l'appel du grand large et la perspective d'une nouvelle aventure, mais sérieux ! C'est d'un cliché ! Et c'est là la grande faiblesse du film : à force de faire de son personnage principal quelqu'un de lisse, le scénario a recourt à des clichés pour le rendre plus intéressant. Au point que les difficultés qu'il subit sont juste gentilles ! La seule chose qui rend le film intéressant du coup est qu'il est beau à voir, et que la dernière expédition est beaucoup moins rose que les précédentes. L'expédition donne une bonne conclusion et aurait pu être l'épilogue du film. Sauf que non, le film se poursuit avec la scène du début

En clair, l'histoire se révèle pas aussi bien maîtrisée que ça et que les éléments dignes de figurer dans le film ne le sont pas, histoire de ne pas écorcher l'icône et qu'on s'attarde trop à des éléments gentillets. Bref, une belle occasion manquée

Un film qui aurait pu être un chef d'oeuvre...mais qui n'est que sympathique au final

Ce film met en lumière le problème des biopics. Plus l'icône est connue et vue comme intouchable, moins on essaye de l'égratigner. Ce qui rend les biopics comme étant excellents en tant que tel est justement de montrer des personnages iconiques intéressants et de faire une bonne histoire en rendant ses icônes humains et pas forcément des saints. L'Odyssée le fait mais dresse plus un portrait lisse et attachant du commandant, alors que sa vie en elle-même est loin de l'être. Et c'est dommage que ce film rate ce potentiel en dépit qu'il soit visuellement beau. Bref, ce biopic est beau dans sa réalisation et des messages qu'il envoie, mais décevant car ce n'était clairement pas l'intention de donner une image moins sympathique au commandant. Bref, il est à l'image des films que j'ai vu du commandant : Beau à voir et merveilleux, mais dont l'envers du décor n'est-ce qu'on veut nous montrer. Comme tous les films certes, mais montrer une facette différente de ce que l'on sait est mieux. Tant pis ! Du moment que l'Antarctique soit intouchable encore 32 ans.