On le sait depuis quelques années déjà, la jeune génération du cinéma espagnol est fascinée par les films d’épouvante et le prouve. Depuis « Les autres » d’Amenabar, précurseur et qui reste l’un des must, il ne se passe pas une année sans que sorte un petit bijou qui fait frémir. Avec « L’orphelinat » nous atteignons des sommets. Le film est un vrai hommage à ce cinéma de genre qui a connu ses heures de gloire dans les années 80. Certains cadrages ou plans évoquent le « Shining » de Kubrick, ou « L’enfant du diable » de Medak. Mais Juan Antonio Bayona n’imite pas. Pour son premier film, il s’inspire tout en immisçant les préceptes originaux de cette nouvelle vague ibérique qui va s’imposer très vite comme les masters of horror sur un plan international. A commencer par un histoire simple, mais brillamment amenée dont les imbrications subtiles se retrouvent tout au long du récit linéaire, sous forme d’un jeu de pistes. L’ambiance créée participe également à la frayeur, elle tient plus du stress de ce que l’on imagine que véritablement sur ce qui arrive. Bande son sourde, travelling envoûtants, lumière lessivée, tension permanente, sont autant d’artifice qui accompagne notre angoisse. Mais ce qui est encore plus remarquable ici, c’est l’intensité permanente imposée au spectateur. Elle alterne émotions, sensations de malaise malsain, appréhension, doute sans temps morts pour arriver à une fin aussi sombre que sereine. Le film est affiche une factuelle facilité dans les rapports humains confrontés au royaume des morts, et d’aucun y trouvera l’ennui, mais c’est simplement parce que le propos de Bayona est ailleurs. Il compose une fable féerique pleine d’émotion sur le deuil, l’enfance, la différence, l’oubli… Il touche des cordes sensibles, pénètre notre âme et fait rejaillir un sourire insouciant plein d’espoir, à l’image de la dernière scène. Les Espagnols et le jury de Gerardmer ne s’y sont pas trompés, ils ont réservé à « L’orphelinat » un véritable triomphe amplement mérité.
Fritz Langueur

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