Dans un paysage cinématographique de plus en plus standardisé, les réalisateurs français Arnaud et Jean-Marie Larrieu ont depuis leurs premières œuvres le mérite de proposer un univers singulier empreint à la fois de loufoquerie et d’élégance, d’extravagance et de classe (Le voyage aux Pyrénées, Les derniers jours du monde).
Leur dernier né L’amour est un crime parfait ne déroge pas à la règle et s’inscrit dans ce même espace particulier aux nouvelles ambiances cinématographiques (et c’est tout à leur honneur) à la manière de Wes Anderson (en moins réussi cependant). Si vous ne connaissez pas le travail des deux frères, ce nouvel opus peut d’ailleurs être une jolie entrée en matière. En effet, ils inscrivent pour la première fois leur univers dans un polar hitchcockien (Marc, professeur de littérature et réputé pour collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes se retrouve au centre d’une sombre affaire après que l’une d’elle ait disparu) riche en références cinématographiques sur le genre et nous tiennent en haleine, de par cette intrigue, jusqu’à la révélation finale. La bizarrerie du récit et des personnages agace par moments, nous empêchant de rentrer complètement dans l’histoire mais ce bémol est compensé par une maîtrise de la mise en scène et des espaces des plus brillants. Ainsi, malgré quelques nuances et une petite déception quant au twist final, le film a le mérite de proposer un cinéma différent et non conformiste, une liberté qui fait du bien.
Zoom sur…. Mathieu Amalric, l’hyperactif appliqué
Débutant sa carrière il y a tout juste 40 ans, Mathieu Amalric est un acteur et réalisateur atypique dans le paysage cinématographique français qui a joué dans presqu’une centaine de films, tous plus différents les uns que les autres. Il atteint, en effet, une certaine renommée dans les années 1990 grâce aux œuvres d’Arnaud Desplechin (La sentinelle, Comment je me suis disputée), un cinéma d’auteur très intellectualisé, puis se retrouve ensuite dans des comédies loufoques (Les derniers jours du monde, Les herbes folles) et des drames classiques (Le scaphandre et le papillon). En parallèle, il débute une carrière aux USA, tournant dans nombre d’œuvres internationales (Munich, Quantum of Solace, The Grand Budapest Hotel) et fait preuve depuis toujours d’une qualité exceptionnelle puisqu’il sait se fondre dans des rôles formidablement antagonistes. Cet acteur aux multiples facettes ne s’arrête cependant pas à ce foisonnement d’interprétations puisque depuis 2004, il s’est lancé dans la réalisation avec succès, deux de ses films ayant été sélectionnés au festival de Cannes (Tournée, La chambre bleue). Mathieu Amalric a donc ce don rare d’être à la fois un interprète et un réalisateur d’exception.