Le retour des frères Larrieu !
On comprend aisément ce qui a motivé les frères Larrieu à s’attaquer à l’adaptation de ce roman noir de Dijan : un goût du souffre, un univers presque hors du temps en huis clos, une histoire à tiroirs (cachés de préférence). Après le désastreux « Voyage aux Pyrénées » et l’inclassable « Les derniers jours du monde », ils replongent dans un réalisme salvateur (pour leur carrière également) et se paient le luxe de signer un polar raffiné bien acéré. « Le cœur n’est jamais si bien en équilibre que sur un tranchant d’acier » cette pensée de Reverdy semble coller à la peau de Marc, ce professeur de lettre un peu cavaleur et surtout bien cavalier. Le personnage, sur lequel repose tout l’intérêt du film, est incroyablement inquiétant, brillant, morgueux, porté et sublimé par le charismatique Amalric. Il est épaulé par une Maïwenn plus convaincante que d’ordinaire et une Karine Viard par contre un peu en deçà.
Equilibre et acier sont aussi les maîtres mots du film. Equilibre car il en fallait peu pour que ce drame bourgeois sombre dans le ridicule. Mais les fréres Larrieu ont trouvé la juste mesure, la même approche orginale qui en son temps faisait de « Peindre ou faire l’amour » un film d’exception. Ce qui n’est pas le cas ici toutefois à cause d’une forte baisse d’intensité sur la fin. Quant à l’acier, il teinte le film de sa lumière gris bleue et glacée, s’imisce dans les cadrages (les scènes de crise notamment), se plante au niveau des décors pétrifiés ou glisse sur les instruments stridents (excellente partition de Caravaggio).