("texte" modifié 16/05/2018 juste pour écrire que je viens de voir le nom d'Emilie Cherpitel au générique de Darjeeling de Wes Anderson...comme "première assistante")


Ce texte reste sans queue ni tête: contient quand même plein de spoils/de divulgâchages donc c’est quand même mieux de voir ce film avant de se farcir ces lignes...


En fait, c’est un film de zombie au début. Puis un dialogue philosophique entre une sorte de Veruka Salt et un Gavroche. Un rappel de ne pas se fier aux apparences et de ne pas juger trop vite. Par son dialogue avec un enfant orphelin , une fille aisée et paumée arrive à mieux comprendre sa situation.


Au début, c’est le portrait d’une belle morte mais qui a l’air très vivante. Comme sa collection de papillons bleus en vitrine chez elle.
Une valse virtuelle: ce film m’a embarqué comme dans une danse dés son début (je suis tombé dessus par hasard car dans dossier « dernière chance » de ma télé-à-la-demande donc je n’avais aucun apriori et je l'ai vu en une fois).


Pour faire plus court que les notes tarabiscotées qui précèdent et qui suivent: le personnage principal est une fille faussement nonchalante et oisive :


***************spoil********


elle tente de se remettre d’un avortement ; elle en a été plus affecté qu'elle ne le pense mais elle ne le sait pas encore, et nous non-plus




Elle parait très joyeuse et « normale »; sa bonhommie est un masque social;
...d’ailleurs, même pour dormir, elle porte un masque (première scène du film ; son réveil dans un appartement cossu…
Son masque de nuit a même des cils, et même les cils sont en or ^^.
Pour vivre, elle en porte plusieurs de masques...celui de l’oisiveté bobo légère et égoïste de nantie...ce qui est la première impression qu'elle peut donner puis se révèle (plutôt) fausse...


Puis elle rencontre un petit garçon qui vient s’installer à sa table de café en terrasse et lui demande un chocolat chaud…c’est un p’tit orphelin gavroche qui s’est encore enfui de son centre social…elle va l' héberger quelques jours...
(Florian Lemaire, enfant acteur crédible qui sonne très juste et pas faux du tout, comme s’il comprenait ce qu’il dit…pas du tout ces faux enfants stepfordiens qui font des mimiques calculées pour faire mignons dans tant de films et émissions de concours ou dans des groupes de chanteurs united).


Ceux qui ont reproché au film son manque de réalisme à cause du manque de réactivité du personnel du centre d’hébergement de l’enfant n’ont pas entendu que le gamin n’en était pas à sa première escapade et le personnel sait alors très bien qu’il va bien et ils ont l’adresse et le numéro de téléphone de l’ « adopteuse » temporaire…


Ce film m'a rappelé mes cours lointains de philosophie où nos profs nous parlaient de livres à base de dialogues entre deux personnages: ces dialogues semblent simples et légers mais rapidement « moussent » et embrassent un bel ensemble de sujets...cette grande fille à papa dialogue avec ce naïf qui l’a bombarde de questions. Et par son dialogue avec un enfant, notre amie change et comprends : ce qui donne des scènes très drôles, à Rome en plus !
(Le lieu, Rome, n’est pas innocent).


…on découvre plus tard que la fille, jouée par Clotilde Hesme, est suivie par un psychiatre : on le découvre quand elle n’arrive pas à avoir un rendez-vous avancé et improvisé avec sa psy qui est "trop occupée": Eva vient demander à la voir,



C'est urgent docteur ! Je ressens de l'empathie pour un petit garçon.
Revenez plus tard !



(…***********spoiler amusant********:


on découvre plus tard que la psy était trop occupée à recevoir à l'improviste une patiente car ce docteur est complice de terroristes…elle sera arrêtée plus tard…notre amie était tombée sur la Cahuzac de la psychiatrie (genre "je lutte contre ce dont je suis complice moi-même").


)


L’enfant rencontré au hasard va remplacer cette spécialiste défaillante:


après l’enfant roi, l’enfant psy et ami.



Il me rappelle un film avec ma Gena Rowlands qui se lie d’amitié avec un enfant dans Gloria.


Certains (rares) détracteurs du film, voire même certains qui l’aiment, trouvent que c’est un feelgood movie un peu « sans scénario » :
_feelgood ? Pas vraiment car quand même avec mort de bébé, avortement, abandon d’enfant par maman encore vivante ne répondant pas à l’orphelin cherchant des infos sur sa mère.
Le film parle aussi de rupture de relations amoureuses, de troubles mentaux, de psychiatre complice de terroristes ; de mère et fille dépressives etc.
Et les deux soeurs, Eva et Lucie ont aussi perdu leur mère récemment. Le cancer....et l'enfant qu'Eva rencontre quelques mois après son avortement n'est pas orphelin mais a été abandonné par sa mère.... #feelgood movie???
_ sans scénario? quand l’histoire en 1h10 couvre, ou fait allusion à, 10 ou 15 ans de vie et d’événements…faut pouvoir caser tout cela…et Emilie Cherpitel et son équipe le font astucieusement donc il y a un scénario solide et bien construit sauf que tout n'est pas pré mâché et sur expliqué

Donc pas un travail de fainéants sans effort : qu’on n’aime pas, possible, dire que ce n’est pas travaillé, pas d’accord.


...il faudrait que je le revois mais je pense qu'il va rester dans mon top 25 car depuis que je l'ai vu, il y a quelques jours, je repense beaucoup à ses "personnages"...


…il est vrai que le film est assez joyeux en partie aussi à cause de vrais moments très drôles et de la joie qu'on éprouve (aussi) à la fin du film mais il y a quand même deux ou trois phrases clé à ne pas manquer qui assombrissent et contrarient totalement ce classement de "feelgood movie"...
ils nous invitent à ne pas voir ce que l'on voit, mais à voir au delà, au travers, en profondeur...tous les clichés qui nous viennent à l'esprit au début du film volent en éclats au cours du film...(en fait, je viens moi même d' utiliser des clichés, ils ne "volent pas en éclats"...ils glissent lentement au cours de cette longue danse qu'est ce film, comme un pantalon qui tombe sans qu'on s'en rende compte ou un masque qui glisse ^^...
...la joie et sourire clinquants de Clotilde Hesme sont un peu des oripeaux d'une fausse joie de vivre...elle n'est pas tant que cela une nantie nonchalante un peu à la Hugh Grant dans About a boy


_Ma scène préférée est quand Eva rentre dans un magasin d'objets rares et d'antiquités:
« Je cherche un petit papillon pour un petit garçon »
« Quel genre ? »
« Le petit garçon ?... Il est beau»
« Non, le papillon ! Quel genre de papillon ? »
«


*Mort ! Mais qui a l’air vivant *



»
...comme les zombies !


une morte qui a l'air vivante



! elle, eu début du film.
…elle veut lui acheter un papillon car elle se souvient que ce gamin au début de son séjour chez elle dans l’appartement aimait les beaux papillons bleus quelle garde dans une boite en verre…ils la représentent elle…elle, belle, mais enfermée dans son appartement de verre...
d'ailleurs, elle regarde la vraie vie à travers les vitres de ses jumelles…elle espionne ses voisins à la longue vue: particulièrement un couple qui s’aime et n’arrête pas de s’embrasser…
...elle aussi est un joli papillon qui virevolte d’un occupation à une autre, d’un mec à un autre, et va danser ses trajectoires dans des boites de nuit…


_lors d'une de ses scènes d'espionnage de voisins, j’ai aimé le moment surréaliste où elle voit son double à la manière de Amélie Poulain (à 55 minutes) : elle découvre son double à une table à la fenêtre voisine de l'appartement du couple.
L’enfant lui-même verra son double exact lors du voyage en train à la manière de Woody Allen au début d’un de ses films où il rêve qu’il se trouve dans le mauvais train…l’enfant regarde par la fenêtre de train et voit un enfant dans une voiture de « normaux », une famille normale et les deux enfants croisent leur regard…Voilà ce qu’il pourrait être s’il n’avait pas été abandonné par sa maman.


Elle cite Fitzgerald à son ami chanteur à succès qui l’admire :



« You want to make a goddess out of me, but I just want to be Mickey
Mouse »



_j’aime beaucoup la musique de Jonathan Morelli devenu Syd Matters


_



Elle lui demande: Tu n’es pas en colère ?
Il reponds: Non ! Comment faire ? Je ne saurais même pas par qui commencer



_Le film cache un hommage à SC ! L’ex-petit ami, voisin de la fille dit au garçon :



tu sais, quand ça ne va pas, je fais des listes ! Des listes de trucs, de courses, de voyages que j’aimerais faire ; de livres que j’aimerais lire ; de sports que j’aimerais faire ; liste de femmes avec lesquelles j’aimerais avoir du succès..



_ Clotilde Courau joue Lucie, la soeur d'Eva. Elle est une fois de plus très crédible dans un film. A un moment, elle refuse d’aider sa sœur:



« Je suis débordée »



Eva est supposée être l’oisive qui ne fait rien alors Lucie en a marre de ses demandes d'aides;
Le refus serait plus efficace si elle ne l'exprimait pas en train de poser chez elle devant un artiste überisé pour un dessin ! Les enfants font du bruit ! "Allez-voir ce qu’ils veulent !" dit-elle à une gouvernante, aussi là, pour cela...
Elle n’est donc pas du tout débordée.


_Mon dialogue préféré entre la fille oisive et l'orphelin:



L'enfant: Ma mère, elle m’a quittée en fait. L'oisive: La mienne
aussi, et tu ne me vois pas geindre toute la journée. L'enfant: Si !
Tu geins, mais tu ne le montres pas ; tu ne sais pas ce que c’est
…toi, tu pleures tout le temps et tu ne le sais même pas ; elle te
manque tout le temps et tu ne le vois même pas.



_Ils vont se séparer, il doit retourner à l’orphelinat, elle donne ses derniers conseils à l’enfant qui l’a lui-même tant aidée :



Léon ! N’oublie pas que la vie mieux, ça existe. Et t’as le droit
d’être un peu bizarre. C’est mieux, si tu le veux. Et faut toujours
remercier.



_face à face avec le conseiller du centre qui parle une autre langue :



T’sais que la CNAOP a transmis ta lettre à ta mère de naissance



_superbe fin dans la cuisine où la dilettante tient le bébé de sa sœur en pleurs…j’ai toujours voulu être toi…elles se mettent à chanter comme les deux sœurs de Jacques Demy





_Eva ? J’croyais que tu venais que demain ! Oh ! C’est nul les demains ! J’suis venu aujourd’hui !



*


PierreAmo

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