Tran Anh Hung, le célèbre et talentueux réalisateur franco-vietnamien (Cyclo, L'odeur de la Papaye verte, A la verticale de l'été,...) s'envole du Vietnam pour le Japon et s'attaque au roman de Murakami: Norwegian Wood. Je n'ai toujours pas lu le livre (il est pourtant sur mon étagère), donc je ne peux pas comparer les deux formats même si je me doute qu'il y a surement quelques écarts voulus dû à un format qui doit avant tout se concentrer sur la trame principale, même si le film dure plus de deux heures. Je serai donc forcément moins négatif que certains critiques et peut-être aussi moins objectif car j'adore ce que fait Tran Anh Hung. Le film possède certes quelques longueurs, est parfois déprimant mais j'ai trouvé le tout esthétiquement magnifique. N'ayant pas connu cette période, c'est avec plaisir que je découvre à chaque fois le côté rétro des années 60. Certaines scènes sont vraiment sublimes et nous font ressentir énormément d'émotions différentes, les acteurs sont vraiment convaincants et je les ai presque trouvé originaux par rapport à ce que propose généralement le cinéma japonais. Tran Anh Hung brise justement un peu les habituels codes de ce cinéma et nous offre une réalisation finalement très proche de ce qu'il fait habituellement avec une petite touche "Wong Kar Waiesque" , accompagné de jeunes acteurs nippons très prometteurs.
Il dépeint d'une fort belle manière la fin des années 60 au Japon qui connut également des changements radicaux et des bouleversements, notamment les grosses manifestations étudiantes et aborde le thème de la mort comme un passage obligatoire dans la vie de tout le monde mais qui est malheureusement omniprésente dans celle du personnage principal, cause de son mal être. Alors certes c'est long, ça peut paraître ennuyeux mais j'ai été hypnotisé par le travail réalisé par Tran Anh Hung. Pour peu qu'on ne soit pas complètement insensible aux malheurs de nos personnages, on se retrouve vite happé par l'histoire de Murakami. Déprimant et se refermant un peu sur lui même, Watanabe va vite apprendre que la mort est la pire épreuve de la vie. Pris entre l'insaisissable et malade Naoko et la pétillante Midori qui cache ses malheurs, il va après une ultime épreuve prendre conscience qu'il faut accepter, se lancer et continuer d'avancer même si la vie est souvent injuste et que personne n'est obligé de vivre cela seul. C'est beau et cruel à la fois, c'est enivrant et ça fout le bourdon, c'est la vie tout simplement...
Parfois déprimant, parfois plus léger, le film nous berce par son esthétisme et sa musique. Comme d'habitude Tran Anh Hung prend soin de la composition musicale et s'entoure de Greenwood, membre de Radiohead (déjà présent dans Cyclo avec le célèbre morceau Creep) pour la BO du film. Outre quelques morceaux du monsieur, on entend également certaines chansons du groupe de rock allemand Can et bien sur Norwegian Wood des Beatles. Malheureusement, même en ayant pas lu le livre j'ai rapidement constaté que certains personnages du film étaient un peu mis de côté pour les besoins de la réalisation, je peux donc comprendre les critiques un peu moins positives donnant l'avantage au roman. Ca n'enlève pourtant rien au charme du film.