Un autre très beau film évoquant les effets déchirants de la guerre sur les relations amoureuses. Le scénario d’Un temps pour aimer un temps pour mourir de Douglas Sirk sorti un an plus tôt était basé sur la même situation alors qu’un jeune soldat en permission tombait éphémèrement en amour avec la fille d’un médecin. Mikhail Kalatosov avait lui aussi aborder cette problématique dans son film Quand passent les cigognes sorti en 1957. Bien que ce dernier ait fait sa marque avec des prises de vue spectaculaires, on peut quand même déceler des similitudes entre les deux réalisateurs russes au niveau de la composition de l’image. Sur le plan du contenu, nous sommes dans les mêmes eaux troubles de la guerre qui empêchent des tourtereaux de s’unir. Ici il s’agit d’un jeune militaire de 19 ans qui obtient une permission de 48 heures à la suite d’un acte héroïque. Son objectif? Revoir sa mère et réparer le toit de sa demeure. Sur son chemin il fait la rencontre de sa Juliette au hasard dans un wagon bourré de foin alors qu’il y voyage clandestinement. Un amour mutuel profond s’installe entre eux le temps de quelques gares. Ils préfèrent se parler d’amitié conscient dans leur âme que la guerre pourrait les séparer. Au final, il ne lui reste qu’une minute pour prendre sa mère éplorée dans ses bras. Une tragédie. Grigori Tchoukhraï nous offre des personnages bons et touchants rendus par une distribution inspirée. La composition des images est recherchée et signifiante. L’œuvre atteint sa cible en rendant la guerre encore plus détestable.