Paul Dehn, qui avait écrit les suites de la saga jusqu'ici, tombe malade et ne peut terminer l'écriture du scénario. Marqué par les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, l'écriture de P.Dehn était empreinte d'un pessimisme à l'égard de l'Homme.


Le scénario original écrit par P.Dehn met en scène un César roi, despotique, qui n'a pas tiré les leçons du passé et qui répète la cruauté des humains. Dans le scénario original, César opère même chirurgicalement les humains afin de les priver de la parole, ce qui expliquerait la présence d'humains dépourvus de parole dans les deux premier films de la saga. Dehn posait donc l'idée selon laquelle la violence et la guerre ne se terminait jamais, dans un cycle de haine infini.


Malheureusement, les studios, trouvent l'idée trop extrême (comme la fin originale censurée dans l'épisode précédent). Pendant la maladie de Dehn, ils engagent donc William et Joyce Corrington pour écrire un épisode plus consensuel et optimiste que ses aînés. L'époque à laquelle est sorti ce film (1973) peut expliquer ce choix. En 1973, la guerre du Vietnam touchait à sa fin et un besoin d'espoir se ressentait aux États-Unis, un pays déchiré par 10 ans d'une guerre contestée.


Le film présente une société des singes divisée, notamment par le désir de pouvoir d'Aldo, dirigeant de la caste guerrière des gorilles, qui va affronter le restant de l'humanité après la révolution des singes.


L'humanité restante présente les « méchants » les moins crédibles qu'il m'ait été donné de voir. Ces méchants portent des lunettes de ski pendant l'attaque et le seul motif de guerre qu'expose leur chef est ... l'ennui. A chaque plan mettant en scène ces « méchants » humains, on rigole au lieu d'être impressionné ou effrayé. De fait, l’intérêt principal du film repose plutôt sur la relation conflictuelle entre les gorilles – plus effrayants – et César.


Là où le film renoue avec le pessimisme caractéristique des précédents volets, c'est lors de la mort de Cornelius et lors de l'affrontement entre César et Aldo qui se concluent par la violation du commandement « Le singe ne tuera pas un singe ». On peut lire ces épisode comme l'histoire revisitée de Caïn et Abel : selon la légende, ce premier meurtre de l'histoire plongea l'humanité dans le cycle perpétuel et infini de la violence. Mais surtout, cette scène montre, comme l'exprime MacDonald, que les singes ont finalement « rejoint la race humaine ».


La scène finale est également ambiguë : soit les larmes de la statue de César représentent des larmes de joie provoquées par une société qui semble enfin pacifiée ; soit ces larmes sont des larmes de désespoir provoquées par la dispute, au pied de la statue de César , qui oppose un enfant singe et un enfant humain. Autrement dit, ce film ne tombe pas dans une « fin facile » réconciliatrice en ouvrant la potentialité d'un conflit futur entre l'homme et le singe.


C'est le moins que l'on puisse souhaiter, car cinématographiquement, le film pêche sur de nombreux points : il est long et manque de figures charismatiques, les méchants humains faisant office de clowns avec leurs accoutrements, leur bus scolaire et leur unique jeep, et, leur avancée au ralenti, qui semble durer une éternité, vers la cité des singes.


Critique La Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Planete_des_singes/critique/24285131


Critique Le Secret de la Planète des Singes: http://www.senscritique.com/film/Le_Secret_de_la_planete_des_singes/critique/34439583


Critique Les Évades de la Planète des Singes: http://www.senscritique.com/film/Les_Evades_de_la_planete_des_singes/critique/34488672


Critique La Conquête de la Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Conquete_de_la_planete_des_singes/critique/34646638


Critique La Planète des Singes (Burton-2001):
http://www.senscritique.com/film/La_Planete_des_singes/critique/34934019

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le 12 juin 2014

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