Occident VS Orient

Cette suite développe deux points intéressants : la hiérarchie des classes au sein de la société des singes (la caste guerrière des gorilles tient désormais les rênes du pouvoir au détriment des idées progressistes des chimpanzés et des orangs outans), et, l’introduction d’un nouvel ennemi pour les singes, les hommes-du-futur-mutants d’un New York sous-terrain.

Ces mutants représentent le reste de la société humaine après un suicide nucléaire du monde. La société des mutants est technologiquement avancée : la parole, action « primitive », a été substituée par un langage inter-pensées – donc muet – et par la télékinésie. Malgré cette avancée scientifique, cette société humaine du futur est profondément religieuse. On pourrait penser que cette vision est erronée, que la religion va s'éteindre dans le futur, mais ce n’est pas le cas et le raisonnement se tient grâce à l’ennemi extérieur : les singes. Menacés par l’impérialisme des singes, les hommes se sont repliés sur la religion ; de la même manière que les islamistes radicaux, en perte d’identité et menacés par l’impérialisme américain se replient sur une religion rigoriste de manière de plus en plus soutenue depuis les années 1960.

La guerre entre les mutants et les singes rappelle en de nombreux points le choc « USA-Moyen Orient ». En effet, cette guerre oppose deux camps qui sont persuadés d’être les élus de dieu : les singes vénèrent un dieu à leur image alors que les mutants vénèrent un gigantesque obus de bombe nucléaire « sacré ». La religion enthousiasme donc chaque camp comme dans la configuration actuelle de l’Evangélisme Chrétien face à Islam radical.

Entre ces deux groupes antagonistes se trouve Nova, une belle primitive, qui, à la différence des mutants ou des singes, n’a aucune idéologie (sans la parole, il est dur d’en défendre une, il est vrai). Innocente, elle représente peut être le peuple du Vietnam pris entre les feux du capitalisme et du communisme. Il faut dire que le film, sorti en 1970, reflète bien les tensions de l’époque et défend résolument le pacifisme : un groupe de chimpanzés – à la manière des libéraux américains du Moratorium Day contre la guerre du Vietnam de 1969 – manifeste contre la politique expansionniste des gorilles.

Malgré toutes ces bonnes idées, la réalisation et les effets spéciaux font « cheap ». La télékinésie des mutants et le sifflement qui l’accompagne ont le mérite de nous donner une bonne migraine. La première partie du film, dans la ville des singes, peut également sembler de la redite du premier opus (pas gênant, voire bénéfique si on n’a pas vu le premier film).

La fin du film reste dans la veine du premier opus, tout en étant beaucoup plus pessimiste. Plus sombre que le premier épisode, cette suite, avec les rapports de force et les questionnements qu'elle révèle, n’est pas « ratée ».

Critique La Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Planete_des_singes/critique/24285131

Critique Les Évades de la Planète des Singes: http://www.senscritique.com/film/Les_Evades_de_la_planete_des_singes/critique/34488672

Critique La Conquête de la Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Conquete_de_la_planete_des_singes/critique/34646638

Critique La Bataille de la Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Bataille_de_la_Planete_des_Singes/critique/34894105

Critique La Planète des Singes (Burton-2001):
http://www.senscritique.com/film/La_Planete_des_singes/critique/34934019