Au sortir de La Chasse, j'ai des difficultés à trouver une approche pour en parler. Le film est complexe, ou du moins le sujet qu'il aborde l'est. Remettre la parole de l'enfant en cause, en particulier dans un cas aussi épineux que celui de la pédophilie, semble un pari plus que risqué. Mais lorsqu'on voit la trajectoire de Lucas, tragiquement interprété par Mads Mikkelsen, on commence à comprendre, aidé par la mécanique implacable et infernale de Vinterberg, transformant progressivement le membre du groupe en bouc émissaire, et même l'enfant devient impuissante à enrayer la spirale infernale qu'elle a involontairement déclenchée. Plus que de l'empathie pour le protagoniste (qu'on ressent toutefois, notamment au début du troisième acte avec la scène du supermarché, très cruelle), c'est surtout une haine des hommes continuelle qui naît. Après la sublime scène de l'église, qui fait croire un instant à une rédemption, les derniers instants du film ne montrent qu'une seule chose : en société, tout n'est que faux semblants, et la haine à votre égard finira toujours par ressortir. Vous n'êtes pas à l'abri.