Si vous jouez à des jeux vidéos policiers, vous connaissez probablement le jeu L.A Noire, jeu vidéo très célèbre de Rockstar Games qui place l'action en 1947 à Los Angeles la ville des Anges et du rêve. Et qui nous montrait les faces cachées et le vice dominant dans une ville parfaite uniquement en apparence. Et si vous êtes amateur de DLC, vous connaissez peut-être aussi l'enquête additionnelle nommé La Cité sans voiles qui est très probablement l'une, si ce n'est, la meilleure enquête du jeu, qui était longue, très prenante, qui regroupait toutes les actions possibles et surtout qui représentait la quintessence de la philosophie du jeu de dévoiler un monde de vices.


Il est facile pour un gamer de connaître ça, mais seuls les cinéphiles peuvent faire le rapprochement avec le film que je présente: La Cité sans voiles du réalisateur Jules Dassin (et aussi drôle et trompeur que ça puisse paraître, il n'était pas Français). bien.


Pour parler du film, je ne peux malheureusement éviter la comparaison avec l'enquête dans le jeu L.A Noire. Car il n'y a pas que le nom en commun, c'est toute l'histoire que l'enquête du jeu a reprise. Et histoire de commencer, l'enquête dans le jeu était meilleure. Pour les personnages qu'on a appris à connaître mais surtout parce que les concepteurs avaient parfaitement compris ce qui faisait du film de Dassin un excellent film (et puis L.A Noire faisait en plusieurs heures ce que le film doit faire en 1h30, là-dessus, le jeu partait gagnant). Le jeu était plus immersif, les personnages plus mémorables, le rythme plus soutenu, et le tout sans faire une ou deux surenchères. Ce qui manque justement au film de Dassin que je critique.


Mais quid du film de Dassin ? Et bien il est excellent, je dirai même qu'il est référence du polar. C'est assez triste qu'il soit oublié de la sorte tant le film exploite aussi bien son thème. A savoir illustrer la partie sombre d'une ville que l'on a l'habitude d’idolâtrer, et de manière concrète et réaliste. Le film arrive parfaitement à faire oublier cette image d'un New-York de rêve en cassant un par un certains codes de films policiers (après, cela est surtout dû au contexte de l'époque d'une Amérique sortant victorieuse de la Seconde Guerre Mondiale et brillant de son apparence de rêve américain. Sans compter que les polars comme La Cité sans voiles devaient être rares).


Dans le contexte historique, c'était nouveau de détourner des codes de polars, là où autrefois ils devaient se contenter de personnages idéalistes dans des enquêtes banales.
Dassin n'a pas eu peur de les détourner.


La victime en apparence belle et charmante était une cambrioleuse. Ses parents qui révèlent qu'ils la détestaient. Le médecin qui s'est fait manipulé. Le gars qui semble riche mais qui s'avère être endetté. Le coupable endurcis qui faisait néanmoins de la musique pour les enfants et aimé de ses pairs. Et bien d'autres éléments du film.


Avec un policier désabusé qui fait office de Columbo très charismatique en la personne de Barry Fitzgerald, policier qui n'a pas peur de mentir ou d'employer des ficelles assez fourbes pour résoudre une enquête.
Ainsi que Jimmy Halloran joué par Don Taylor, policier intègre mais qui n'hésite pas à fuir ses responsabilités de père.


Je parle des personnages mais ils font surtout office de thèmes abordés plutôt que de héros à suivre. Car on suit l'enquête sous forme de documentaire genre "Le vrai visage de New-York". Avec une voix off qui présente le tout et sert le thème du film: montrer un New-York dévoilé.
Mais la ville de New-York, la fameuse cité sans voiles. Elle n'est pas seulement le décor, elle est la personnage principale du film. Elle est constamment montrée comme un personnage et les habitants de la ville faisant partie intégrante d'elle grâce à ce format documentaire. Et elle est visuellement sublimée par une photographie qui met à la fois en valeur sa grandeur et ses ténèbres cachés. On peut remercier cette photographie récompensée aux Oscars, je crois que jamais je n'ai vu New-York aussi beau personnellement.


La Cité sans voiles a beau être un excellent polar, il n'est pas dénué de défauts. Notamment de rythme trop rapide et de personnages qui peinent à pouvoir s'identifier, le risque à courir quand seul l'environnement entier est le fil conducteur et pas les personnages, surtout si on rate une partie de l'enquête et qu'on ne retient pas les noms. Sans compter que l'enquête elle-même est déjà très compliquée sans que le rythme ne vienne parasité la réflexion du spectateur.
Le second, Dassin voulait montrer la face cachée de New-York et il y est arrivé avec beaucoup d'éléments mineurs, mais la vieille dame ou le fou qui se dénonce, on aurait pu s'en passer.


Ce film ne montre qu'une enquête simple comme les séries télévisés d'aujourd'hui nous en montre en 40 minutes, mais je vous conseille de voir La Cité sans voiles pour ses panoramas, Barry Fitzgerald dans son rôle de flic qui vaut le coup d’œil, mais surtout pour son thème ainsi que la belle mise-en-valeur de New-York. Et pour ça, il vaut tout les meilleurs épisodes de séries policières.

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le 2 avr. 2016

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Housecoat

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