1993, Canal+ dispose du catalogue de la Warner et est autorisée à tourner un métrage parodique sur la base de centaines de films. Seule limite : Eastwood et Kubrick ne doivent pas être inclus dans le délire. Cela donnera Le Grand Détournement, sous-titré La Classe Américaine, où une foule d’extraits sont associés à des fins parodiques et comiques, avec des dialogues artisanaux et une improbable enquête pour fil rouge, où les flics de Les Hommes du Président cherchent à percer le mystère autour de la mort de Georges Abitbol (John Wayne). En effet, désigné l’homme le plus classe du monde, il a rendu l’âme en lâchant ces mots péremptoires « monde de merde ».


Le début est assez génial, avec notamment des monologues burlesques soignés (le caméo de Orson Welles – « j’appelle ça du plagiat »), mais le film sera plombé par les redondances. Elles atteignent leur paroxysme lorsque Dustin Hoffman part en excursion avec sa moustache ; c’est le ventre mou du film. On pataugera également tout le reste du temps à venir, partagé entre les enfantillages, répétitions et lourdeurs sans lendemain. L’humour de cour de récré et les blagues de puceaux occupent tout l’espace, le pastiche et la farce sont de petit niveau, seules quelques répliques relevant le niveau (« j’ai les bonbons qui collent au papier »). L’essentiel y compris, c’est-à-dire les attitudes des personnages, est bien galvaudé, même John Wayne ne s’avérant pas à la hauteur de sa caricature. La farce tourne court et c’est vite un astre mort qui défile, avec ses pépites isolées, efficaces pour renforcer l’aura culte chez ceux qui auront adhéré ou voudront y revenir.


Par conséquent, Le Grand Détournement est plutôt une déception, inspirant l’ennui passée une première demie-heure souvent croustillante. De même, les délires politiques sont assez faiblards et, par sa nature initiale de téléfilm, les références « culturelles » françaises amenées à dépérir ou être incomprises (Julien Lepers). « La classe américaine », en tout cas old school, sera bien mieux reflétée dans OSS 117. Le Grand Détournement a pourtant une postérité importante, puisqu’il est concerné par de nombreuses citations (notamment dans des jeux-vidéos) et qu’il a inspiré Mozinor, le célèbre site de détournement.


https://zogarok.wordpress.com/2015/04/20/le-grand-detournement-la-classe-americaine/

Créée

le 22 avr. 2015

Critique lue 2.5K fois

18 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

18

D'autres avis sur La Classe américaine

La Classe américaine
Sergent_Pepper
7

Rapport disciplinaire.

Vesoul, le 3 décembre 1993. Madame, monsieur, J’ai le regret de porter à votre connaissance des faits d’une grande gravité impliquant votre fils Michel dans notre établissement. En complicité avec...

le 1 févr. 2015

102 j'aime

3

La Classe américaine
VesperLynd
10

Si vous aussi, vous détestez les animaux préhistoriques partouzeurs de droite, ce FLIM est pour vous

Un hommage aux films de la Warner diffusé sur Canal+ en 1993 avec la crème de la crème du septième art, en reprenant l'histoire de Citizen Kane. George Abitbol, l'homme le plus classe du monde est...

le 2 nov. 2014

78 j'aime

11

La Classe américaine
Citizen-Ced
8

Le flim le plus classe du monde

Vous pouvez aligner tous les millions de dollars que vous voulez, je pense qu'aucun film ne parviendra jamais à réunir un tel casting. Et avec les doubleurs d'origine s'il vous plaît ! La grosse...

le 28 mars 2012

69 j'aime

6

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2