La Colère des Titans par AntoineRA

Redoutez la colère des spectateurs. C'est toujours hallucinant de voir des films comme Le Choc des Titans se payer une suite tellement ils étaient mauvais. Et comme tous les films dans ce cas, la suite est promue à grand renfort de "on a appris de nos erreurs", "on va la jouer plus comme ci, moins comme ça", "le premier film était mauvais, là on a vraiment hissé la barre", etc... Que de balivernes appuyées par un changement de réalisateur, au profit de Mr. Jonathan Liebesman qui nous avait offert un Battle: Los Angeles plutôt musclé.

Difficile de faire pire que le précédent en même temps. Pour cela, Sam Worthington se laisse pousser une belle moumoute en guise de chevelure, mais ce n'est pas pour autant que sa prestation s'améliore. Moins dans le mélodramatique, plus dans le discours de combattant, il n'est crédible que quand il ferme la bouche et s'agite un minimum. Rosamund Pike n'a aucune prestance et son importance dans le film est plus que sommaire. Toby Kebell, en demi-dieu Agenor, sert de comique du groupe, essentiel dans tous les blockbusters de ce type, et s'en sort bien. Contrairement à Liam Neeson qui a l'air d'aimer jouer dans tout et n'importe quoi. Incarner Zeus n'est pas son fort, et le dieu grec ne convainc jamais, et manque cruellement de grandeur, bien qu'il ait un faciès de convenance. Ralph Fiennes et Édgar Ramirez sont, quant à eux, plutôt bons en dieux des Enfers et de la Guerre. Tout comme Bill Nighy en Héphaïstos, même s'il a tendance à surjouer.

Disons que le casting n'est pas vraiment aidé par le scénario très basique. Charcutant la mythologie grecque sans commune mesure, les scénaristes vont au plus simple : trahison chez les dieux, Persée appelé à la rescousse pour sauver le monde, grosse bataille finale et hop, c'est réglé. Cette suite a pour elle d'être toutefois plus rythmée que le premier jet, malgré une réalisation des plus banales, qui veut parfois s'essayer à l'artistique mais sans succès. Si la caméra de Liebesman se montre assez majestueuse sur les prises de vue des environnements numériques, les plans en terres arides et désertiques font très cheap, et les scènes d'actions bien mal filmées. On y retrouve un déroulement similaire, et l'exploration du Tartare rappelle les longueurs dans l'antre de Medusa. Par ailleurs, rien de bien phénoménal du point de vue musical. Les pistes sont pompeuses, clichées dans les arrangements de percussions et chœurs féminins pseudo-apocalyptiques, et tendent à pencher du côté d'un Steve Jablonsky par moments. Pas grand chose d'épique pour une telle épopée, en somme.

Reste les effets visuels, qui se doivent d'être au top pour retranscrire un tel bestiaire et l'environnement de cette mythologie. Eh bien, j'ai l'impression que tout a été gardé pour le final, avec la présence de Kronos, la lave qui jaillit à foison, la bataille qui fait rage, les explosions de toutes parts, etc... En effet, dès les premières minutes du film, et l'apparition de la chimère, on sent les effets un peu maladroits, pas vraiment crédibles. La suite ne fait que le confirmer, avec des incrustations grossières dans des décors pourtant très réussis (le Tartare, ou le Temple des Dieux), des cyclopes CGI horribles, et des effets bas de gamme (la foudre de Zeus, les vols de Pégase). Seuls Kronos - la grosse bébête qu'il faut mettre pour la fin à l'instar du Kraken - et son armée de Makhais valent vraiment le coup visuellement, ainsi que la représentation du mont Tartare. Le reste est très moyens pour un film de ce genre.

La Colère des Titans est donc une suite sans intérêt, qui se targue de promesses pour finalement retomber à plat devant la pauvreté de l'intrigue, du jeu d'acteur très lambda, et d'effets qui auraient pu sauver la mise mais non. En plus d'une mise en scène insipide. Ce nouvel épisode rapproche encore plus la franchise des Titans de celle de Transformers, sauf que la dernière est au moins au top en ce qui concerne le divertissement blockbuster.