Jeune actif en mal d'action, passe ton chemin. Fan de Ozu, quel que soit ton âge, viens jeter un oei
La colline aux coquelicots est un film comme la Toho en faisait du temps de Yazushiro Ozu, à la seule différence qu'il vise un public plus jeune. Il raconte la vie quotidienne d'une lycéenne, Umi, dont le père est mort et la mère absente (elle enseigne à l'université). Umi tient une pension de famille et est une petite fille modèle. Mais elle rencontre un garçon, Shun ; un quiproquo lui laisse croire qu'il s'agit de son frère, qui aurait été abandonné, et elle en souffre. A cela s'ajoute les mille petits enjeux de cette ville portuaire des années 1960, à commencer par la menace que le foyer d'éducation, le "Quartier latin", jugé trop vétuste, soit détruit.
Fan de films de Bruce Willis, je te le dis, passe ton chemin. Ici, on fait cuire le riz, on échange des mots du quotidien, on s'affole parce qu'on doit aller acheter de la viande alors que l'heure de la fermeture approche, on rougit de monter en amazone sur le porte-bagage arrière du vélo d'un garçon. On pleure un peu. On rit de petites niaiseries, mais avec naturel.
Hé oui, que veux-tu, il ne se passe pas autant de choses que chez John McTiernan, mais on parle quand même de choses importantes : la nécessité de grandir, de se montrer responsable, curieux, de respecter le passé, et aussi (un peu) du deuil.
Le film n'est pas du tout tape-à-l'oeil comme un "Voyage de Chihiro" ou un "Chateau dans le ciel", mais il est très bien animé. Le passage des bateaux, l'arrivée d'un tramway, les descentes à bicyclette... L'espace est rendu de telle manière qu'on a l'impression de bien connaître les lieux de vie des personnages (la montée avec sa rembarde en tuyaux de fer rouillés, le port en contrbas, plus animé, le pont par-dessus le chemin de fer, etc...). Et l'omniprésence de ces poteaux de fil électrique, comme chez Ozu.
A la réflexion, ce film s'adresse-t-il d'abord aux enfants ? J'imagine qu'une partie de la nouvelle génération préférera l'agitation vaine d'un "Chat potté", mais peut-être que quelques bambins seront sensibles à ce film en mode mineur, qui oscille entre comédie et mélodrame.
Ha, et la musique est très bien. Pas mal de piano, mais ce n'est pas trop mélo, et la musique vers la fin, quand Umi et Shun quittent précipitamment le "Quartier latin" pour aller prendre un bateau au port, fait très sixties (j'étais un peu surpris).
Très joli film, nostalgique, relaxant et reposant. Certains ne manqueront pas de reprocher un Japon de carte postale, mais franchement cela aurait pu être bien, bien pire.