La durée du film, plus de 3h20 m'a fait peur, craignant d'assister à 3h20 de film tourné dans une pièce comme dans l'Auberge du Mal, finalement ça ne sera pas le cas et l'histoire s’avérera suffisamment passionnante pour éviter d'appuyer sur pause pendant le visionnage, première bonne nouvelle.
Caméra toujours aussi bien tenu, pas un pet de travers, les plans et les cadres bien proporitionné, de ce côté là, toujours une aussi grande maîtrise, rien à redire.
Un Nakadai peut-être dans son meilleur rôle ? ça le change de le voir autrement qu'en Samouraï ou Yakuza et il s'en sort extraordinairement bien.
Kaji sorte de fonctionnaire qui a du connaître que les bancs de l'école, aux visions humanistes échappera à l'appel de la guerre et se verra proposer un poste dans un camp de travail, usine, truc du genre avec des ouvriers et prisonniers de guerre.
L'occasion de mettre en pratique sa théorie progressiste du travail, celle qui privilégie le dialogue, l'augmentation des salaires, les avancées sociales au profit de la répression et du fouet, le tout toujours dans l'optique d'augmenter la productivité. Evidemment la théorie c'est une chose, la pratique une autre, surtout en temps de guerre, et on ne pourra pas dire que ce fut le succès escompté, la faute à des collègues de travail jaloux ou haineux de ces nouvelles méthodes, ainsi que celle des prisonniers méfiant d'écouter un japonais et qui ne lui feront jamais confiance ou bien le trahiront.
L'occasion évidemment de montrer, la condition de l'homme (sans blague), ces conditions de travail dans ces usines à charbon, ainsi que de celle des prisonniers de guerre chinois, montrer que les japonais ne sont pas tous des monstres (au moins un en tout cas), de montrer aussi que finalement on s'amuse pas mal dans ces camps puisque même les prisonniers de guerre ont le droit régulièrement à la visite de 30 prostituées, rien de mieux pour redonner de l'énergie ! (Je suis sérieux, ils sont chanceux quand même, pas si mal ces camps finalement :troll: ).
Au final, on voit bien que seul, Kaji ne peut rien faire, ses théories finissent toujours par être surpassés par les bonnes vieilles méthodes, intimidation, chantage, fouet, coup monté, trahison ...Il tentera tout de même de sauver la face mais cela aura un prix, pas le plus fort, mais presque.
Je dois noter quand même quelques trucs qui passent mal (SPOIL), déjà faut m'expliquer pourquoi c'est un chinois qui est en charge de la centrale électrique, tout le monde sait qu'il y a eu des coupures de courants à chaque fois synchronisé, mais non, on laisse faire, même au bout de la 3eme évasions ? Surtout ne changeons rien. Puis le camp de prisonnier qui ne semble pas surveillé du tout, bizarre.
Le message porté, qui se veut humaniste, tolérant d'une certaine façon, est certes fort mais n'atteint pas celui des "sentiers de la gloire" et encore moins celle de "La Grande Illusion" ce dernier ayant été tourné avant le début de la seconde guerre mondiale ce qui m'a bien plus impressionné en terme d'impact, là fallait avoir les couilles de tourner ce genre de film, en 1959 c'est un peu plus facile forcément.
La condition de l'homme (part 1) n'en reste pas moins un très grand film, le plus grand de Kobayashi après Hirakiri (pour moi).