Il en aura fait du bruit ce film, avant même de sortir on avait le sentiment que tout le film avait été raconté à la télé via la multitude de reportages réalisés. La journée spéciale « la conquête » sur itélé a terminé d'enfoncer le clou pour un film sur un président encore en fonction. C'est donc à reculons que je suis allez le voir parce qu'une telle couverture médiatique me donnait le sentiment qu'il n'y aurait plus rien à découvrir dans le film.
Effectivement, la première demi heure regroupait un grand nombre des scènes déjà vues mais de nombreuses autres scènes sont présentes et le film ne se résume pas à la bande annonce. Je ne pense pas spoiler tout le monde en parlant du film puisqu'on connaît tous les étapes de cette fameuse conquête et sa triste fin.
Le film reprend tous les évènements marquants depuis 2002 et qui ont permis a Sarkozy d'atteindre l'Elysée. La performance des acteurs y est d'excellente qualité, on sent le travail de documentation que ce soit pour Podalydes en Sarkozy, Bernard Le coq en Chirac ou Samuel Labarthe en dominique de villepin.
Pourtant quelque chose gène dans ce film, sur allociné on peut lire, dans les secrets de tournage, ceci :
Patrick Rotman (le dialoguiste) insiste sur le fait que La Conquête est une œuvre de fiction et qu'une large partie des scènes a été inventée: « Il y a certes une vingtaine de situations qui sont proches de la réalité, comme les face-à-face entre Sarkozy et Chirac et les affrontements Sarkozy-Villepin. A l'inverse, bien des séquences sont de pures fictions. »
Je crois que la gêne provient de cela, c'est-à-dire que certaines scènes sont réelles et d'autres inventées, ainsi le plus effrayant est que ces scènes inventées sont totalement plausibles. Le film prend alors une autre dimension ou réalité et fiction se mélangent au point de tout assimiler au réel. En représentant un gouvernement plus occupé par les rivalités personnelles que le sort du pays, le film devient un fresque politique un tantinet caricaturale et violente verbalement.
Le portrait de Sarkozy est intéressant car le film a su rester assez objectif en humanisant Sarkozy via sa relation avec Cécilia correspondant à « je t'aime... moi non plus ». Cette transparence et surmédiatisation sont très bien analysées, notre président mélangeant vie privée et professionnelle avec un naturel déconcertant.
Le réalisateur malmène le spectateur, le résultat reste peu reluisant malgré les tentatives d'humanisation. Les faits et les punchlines restent gravés dans la mémoire, ce n'est évidemment pas à la gloire de nos politiciens. Finalement, la sensation est que Sarkozy n'était pas pire que les autres, la représentation qu'ils font de Dominique De Villepin ou de Ségolène Royale n'aide pas spécialement.
Les spectateurs qui ont voté Sarkozy en 2007 se sentiront sûrement gênés (ou pire) en découvrant la psychologie du personnage et sauront ce qu'il leurs restent à faire et quand aux autres cela servira de piqûre de rappel.