On a à juste titre loué la forme, époustouflante, il faut bien le dire. On a dit grand bien de la direction d'acteurs (même si Farley Granger surjoue). Mais si nous parlions du fond ? Dans ce dîner de cons macabre, tous les personnages sont antipathiques à l'exception de Joan Chandler (trop mignonne) et de Miss Wilson. Passons les têtes à claques de Mrs Atwater (volontaire) et de Douglas Dick (involontaire), passons aussi sur les deux assassins. James Stewart développe ouvertement des théories que l'on qualifiera soit de nietzschéennes soit de fachos suivant son humeur, Cedric Hardwicke est un lâche (certes il proteste quand il entend des propos inacceptables, mais il reste courtois alors que n'importe qui aurait foutu le camp…) Car dans cette histoire s'il faut chercher le vrai coupable, c'est bien Stewart ! Car c'est bien lui qui a inculqué des idées nauséabondes aux deux abrutis. Son personnage agace aussi par son côté fouille-merde (mais c'est voulu par le pitch). Le suspense du film se résume à deviner comment Stewart va démêler l'affaire… Or la résolution est faible, mais que dire de la scène finale… Un suicide de Stewart après avoir confondu les deux cinglés aurait eu de la gueule; mais il fallait que la fin soit morale, alors on nous montre James Stewart passer en trente secondes de Nietzsche à Voltaire, faut pas pousser non plus ! Un exercice de style assez malsain et atypique dans la carrière du grand Alfred.