Premier long-métrage de Léo Karmann, La Dernière Vie de Simon nous invite dans un récit fantastique au cœur de la Bretagne avec Simon, un jeune orphelin capable de prendre l'apparence des personnes qu'il touche. Entre la magie d'un Spielberg et une ombre niaise planante, le film nous laisse vraiment mitigé malgré ses bonnes volontés de départ !


Comme cité plus-haut donc, on sent l'amour indélébile de Karmann pour le cinéma de Spielberg. C'est dans sa première partie que le long-métrage conjugue une ambiance étrange et 80's typique de E.T., au sein d'une Bretagne plutôt fascinante. Filmer l'enfance et son insouciance face à l’inexpliqué. Entre une foret merveilleusement éclairée, des jeux de miroirs et de lumière, une somptueuse photographie et une musique féerique (on y reviendra plus tard), Léo Karmann pose les bases de son long-métrage avec cette hommage assumé au cinéma envoûtant et indémodable de Steven Spielberg.


Mais une fois l'enfance et le drame primordiale du film terminés, La Dernière Vie de Simon perd de sa matière et sombre dans la niaiserie et quelques incohérences que l'on voudrait éviter. A travers son incroyable don de transformation, Simon commence à prendre part à un jeu malsain et dangereux où sa fausse identité et son amour pour Madeleine vont prendre le dessus et mener le personnage vers sa fin probable. Mais les situations exagérés et incohérentes vont rythmées un propos qui peine à passionner. Léo Karmann prend d'ailleurs le parti de ne pas laisser de place à l’énigmatique et au mystère pour laisser la simple surface scénaristique nous emmenés : Mais comment celle-ci peut-elle alors marcher quand la magie et la maîtrise de la première partie enfantine se perd au regard d'un faible mélodrame adolescent !


L'ambiance, la photographie et la mise en scène se perdent au fur et à mesure que le récit avance au profit d'une réalisation trop académique et des acteurs bien trop problématiques. Les personnages détestant Simon se remettent à l'apprécier dans un flou explicatif déconcertant (je pense surtout à Madeleine et à ses parents). Une partie finale faible et maladive dans sa bienveillance qui nous amène à nous mordre les doigts quant au projet de départ que l'on nous avait vendu. La Dernière Vie de Simon laisse alors sa place de long-métrage fantastique à la grandeur magique d'un Spielberg, pour un film d’adolescent narrant la simple (et mal écrite) histoire d'un orphelin en quête d'amour parental. Peut-être que Léo Karmann aurait dû miser sur un récit de plus grande ampleur où le don intriguant de Simon l’amène à rencontrer de nombreux personnages à travers un espace géographique de plus grande échelle ! Un récit où le passé de l'enfant serait remis en question : Depuis quand vit-il ?


Point intéressant du long-métrage, sa musique ! Je pense que le nom d'Erwann Chandon doit être à retenir. Si Léo Karmann suit les traces de Spielberg, Chandon doit indéniablement suivre celles de John Williams. La bande-originale de La Dernière Vie de Simon est magique, envoûtante et rappelle les douces heures de E.T..


Malgré une première partie intéressante, La Dernière Vie de Simon peine vraiment à insuffler à son récit une dose de fantastique concret où la faible écriture ne serait pas tentée de prendre le dessus sur l'hommage indéniable à l'oeuvre de Steven Spielberg.
Mais surtout, n'oublions pas d'applaudir la volonté audacieuse de raconter et tourner ce genre de récit en France. Et espérons que pour ses prochains travaux, Léo Karmann trouve son véritable style et quitte le confort d'une forme trop académique et niaise, qui elle semblerait, tend à plaire au plus grand nombre !

RemiSavaton
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le 9 févr. 2020

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Rémi Savaton

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