Francis Veber aura, toute sa vie, décliné la même recette : le duo plein de contrastes, comprenant toujours un benêt nommé François Pignon, forcément doté d'un grand cœur. Cela donna (et j'en oublie) : L'emmerdeur, La chèvre, les compères, les fugitifs, tais-toi !, Le placard, et donc cette Doublure.
Comme de nombreux auteurs de comédies, Veber donne l'impression de décliner avec l'âge, perdant peu à peu ses qualités remarquables. Je citerais volontiers à ce titre Patrice Lecomte, Woody Allen (oui, j'ose) ou Bertrand Blier, que j'ai adorés dans ma jeunesse et dont je ne peux plus voir les films.
Là, on tombe de moins haut (aucune comédie de Veber n'approche le niveau des Valseuses ou de Tenue de Soirée), mais on tombe aussi moins bas : La doublure est plus drôle que Le bruit des glaçons par exemple. Veber n'a pas de génie, mais un vrai talent pour mettre en place des gags, et s'appuie sur de bons dialogues. C'est un scénariste plus qu'un réalisateur (ce fut son premier métier), la mise en scène étant généralement quelconque.
Donc, ici : Gad Elmaleh n'est pas Pierre Richard, manque la puissance d'un Depardieu, et certains gags commencent à sentir le réchauffé : par exemple le médecin malade joué par Aumont rappelle furieusement le vétérinaire joué par Jean Carmet dans Les fugitifs.
Reste que le film se laisse voir avec plaisir, car, encore une fois, on a affaire à un pro de la comédie. Veber reste, pour moi, la garantie de passer un assez bon moment (même si je n'avais pas aimé le très surcoté Dîner de cons). Jusqu'ici, et en espérant qu'il ne sombre pas comme ses collègues...