Le voilà, le film évènement qui doit renverser le public français. Le nouvel Intouchable qui va affoler les compteurs du box-office. Vraiment ?
Si le succès populaire de la Famille Bélier se confirme dans les semaines qui viennent (ce qui devrait être le cas), il le devra plus certainement à une campagne de promotion colossale, à la limite de la vente forcée, que pour ses qualités artistiques, quasi inexistantes.
A partir d’une idée séduisante qui aurait pu donner une formidable comédie sociale, Lartigau et ses scénaristes expédient un tire-larme condescendant, manquant absolument de fond et assez repoussant sur la forme. Passons sur le fait qu’on rivalise à peine avec Joséphine Ange Gardien au niveau de la mise en scène, que ce soit dans le rythme, l’image, la lumière ou les décors, le plus gênant est certainement ce visible manque d’intérêt pour ses propres personnages, leurs racines et leur environnement. A part leur handicap, ils n’ont aucune aspérité, ne semble avoir aucun bagage, aucun background solide ou crédible. Leurs comportements sont souvent incohérents, parfois si incompressibles qu’ils confinent à l’absurde. On a parfois envie de rappeler aux auteurs (hum hum) qu’handicapé ne veut pas dire idiot… Le scénario, apparemment écrit à la hâte sans prendre la peine de se documenter sur la surdité ni sur le milieu paysan, accumule les lieux communs, démarre des sous-intrigues sans intérêt sans les terminer et multiplie les situations au mieux gênantes au pire insultantes (les règles, l’allergie au latex, le meeting raté, la culpabilisation du non-handicap, la scène finale – wtf) .
Les acteurs ne sont pas aidés par des dialogues indigents, et se débattent (en en faisant des tonnes) avec des personnages uniformes et involontairement burlesques. C’est tout à fait admirable de la part de Viard et Damiens d’avoir appris la langue des signes en 6 mois, mais l’effort est vain s’il ne sert par un projet construit et travaillé. On voit attristés, ces deux grands acteurs sombrer dans le surjeu et se livrer à un affligeant pantomime. Quant aux rôles secondaires, ils sont aussi épais que du papier de cigarettes et souffrent en plus d’interprétation soit fadasse (le bellâtre sosie de Canet), soit clownesque (l’insupportable cabot Elmosito)
Il semble que l’unique objectif du long-métrage soit de faire rire et pleurer le public à tous prix, sans considération pour un éventuel réalisme social. Le gros problème, c’est que les personnages ne nous font pas rire, mais que l’on rit d’eux… Quant à l’émotion, elle vient effectivement à chaque fois que la jeune Louane Emera se met à chanter. Le pouvoir de la voix… Elle a indéniablement quelque chose. Mais quelques cours de comédie n’auraient pas été superflus…
Cette quête désespérée de l’effet lacrymal rend tout ressort dramatique artificiel, limite putassier.
Il est vraiment difficile d’y croire, à cette famille Bélier…
Et je ne parle pas de Michel Sardou ? non, je ne vais pas parler de Michel Sardou….
Un succès programmé embarrassant…