La Fille de Brest par FrankyFockers

La Fille de Brest c'est Irène Frachon, le médecin qui est parti en guerre contre l'un des plus grands groupes pharmaceutique de France pour faire interdire un médicament, le Mediator, un anti-diabétique qui était essentiellement prescrit par les médécins comme coupe-faim et qui a causé plusieurs centaines de décès. La structure du film est ambitieuse, c'est l'un de ces grands films mêlant combat et enquête pour faire régner la justice, comme savent si bien le faire les américains, de Norma Rae à Erin Brokovich pour citer deux chefs-d'oeuvre du genre. C'est la grande réussite du film de Bercot, son ampleur, sa structure ample qui parvient à saisir ce combat dans sa globalité, dans sa transversalité. Le film est assez passionnant en ce sens et n'est pas loin d'être une merveille du genre. Malheureusement, il a tout de même plusieurs défauts qui l'empêchent de décoller véritablement. Le premier souci c'est Sidse Babett Knudsen. J'adore cette actrice danoise et je suis ravi de la voir débarquer dans le cinéma français, elle était d'ailleurs parfaite dans le dernier Christian Vincent face à Luchini, mais le souci ici c'est qu'on voit clairement que Bercot n'a pas écrit le rôle pour elle et ça se sent terriblement. Je pense qu'elle a permis que le film se monte et qu'elle a débarqué au moment de la préprod. Du coup, le personnage s'appelle comme le vrai médecine, Irène Frachon, mais elle n'arrête pas de dire qu'elle est danoise (pour justifier son fort accent). Et la plupart du temps, Knudsen semble réciter un texte qu'elle ne maitrise pas parfaitement, notamment avec des expressions et idiomes typiquement français et qui ne peuvent être employés que par des gens ayant une maitrise parfaite de la langue. L'actrice parle pourtant très bien le français mais les dialogues ne prennent jamais en compte le fait que c'est une personne d'origine étrangère qui les déclame, et c'est problématique. L'autre souci du film, c'est le coeur de l'enquête. Bercot n'arrive pas à impliquer le spectateur dedans (comme le faisait soderbergh par exemple) et elle a beau nous montrer des chiffres, des tableaux, des pourcentages, on reste à l'extérieur, elle ne parvient pas à nous faire croire qu'on mène l'enquête aux côtés du protagoniste (comme le fait si bien Stone dans son formidable JFK). Ce sont les deux principaux écueils du film, et ils sont important, parce que pour qu'un film de ce type fonctionne il faut que la mécanique soit parfaitement huilée. Ce n'est malheureusement pas tout à fait le cas ici, mais pourtant ça marche quand même, parce que tout le reste est top. J'ai donc beaucoup aimé le film quand même, avec un peu d'amertume en pensant à la merveille que ça aurait pu être.