Film en apparence basique (un brillant avocat s'amourache d'une Miss Météo), cette « Fille de Monaco » est pourtant ce que j'ai vu de plus intrigant, de plus juste ces derniers temps dans le paysage cinématographique français. A travers un traitement que n'aurait pas renié Claude Chabrol (la présence au casting de Stéphane Audran est-il d'ailleurs un clin d'oeil au grand nom de la Nouvelle Vague?), c'est en effet un profond malaise qui se met en place par la réalisation précise et très élégante d'Anne Fontaine (Madame « un bon film sur deux »), mais surtout à un trio de personnages difficile à oublier. Chacun d'eux a effectivement des faiblesses et s'avère troublé par l'autre (voire les deux autres), si bien que ce triangle « quasi-amoureux » évolue constamment vers quelque chose d'étonnant, de singulier, où chacun n'est jamais vraiment à sa place, dans la relation logique qu'il devrait avoir. Ces trois « anti-héros », Roschdy Zem, Louise Bourgoin et surtout Fabrice Luchini les interprètent avec grand talent, le tout jusqu'à un dénouement troublant et remarquable... Anne Fontaine a beau être une réalisatrice inégale : lorsqu'elle réussit un film, elle ne le fait pas à moitié. Passionnant.