août 2010:

Douglas Sirk n'existe pas encore. Detlef Sierck bosse encore pour la UFA mais déjà le bonhomme laisse poindre sur ses bobines ses problématiques ou obsessions favorites : le jugement de valeur, l'approbation ou l'opprobre, le poids moral de la société sur l'individu, l'original, la condamnation de la communauté ou de la famille et donc le difficile combat d'un être face aux préjugés de la majorité.

Avec cette fille des marais, on n'est pas foncièrement dans le mélodrame même si certaines scènes s'en rapprochent (notamment les lamentations de la fille-mère) mais dans une histoire romantique qui voit un jeune fermier s'éprendre d'une jeune bonne et être ainsi aux prises à plusieurs contrariétés avant d'enfin pouvoir vivre leur idylle.

Cette histoire très simple n'a pas grande importance, on sent qu'elle a été écrite pour faire fondre le cœur de midinettes des allemandes de l'entre deux guerres. Non, ce qui importe, outre les thématiques proprement sirkiennes évoquées plus haut, c'est la mise en scène que le jeune cinéaste met en place. D'après Imdb, il en est à son 4e film mais son 1er long métrage. Elle ne manque pas d'idées même si elle apparait maladroite parfois (la transition avec le caillou dans l'eau n'est pas d'une grand originalité).
La gestion des temps, des cadres et des mouvements est plutôt bonne. Les ombres sont par moments très bien utilisées. Mais on est loin encore de la maitrise future. Sirk est un débutant prometteur. Il lui reste également à parfaire sa direction d'acteurs, ceux-ci semblant un peu empruntés.
Alligator
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le 13 avr. 2013

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