Etonnant Réalisme du Muet

Le concept est simple : parler de l'individu banal pris dans la foule. Ainsi l'histoire de ce couple, bien que tumultueuse et tragique par moments, est somme tout ordinaire.

Certains plans sont mémorables comme l'enfant montant les escaliers pour apprendre la mort de son père, l'entreprise aux milles bureaux alignés, l'hopital terrifiant, la fête foraine. Globalement les aller retour entre les scènes intimes (voire intimistes) et les scènes collectives sont très significatifs. D'autant que le texte accompagnant le récit incoprore des maximes sur la foule.

La ville est aussi mise à l'honneur. Elle bourdonne constamment, elle est toujours présente, que ce soit le métro qui passe par la fenêtre, les immeuble étourdissants, le train, la voiture dangereuse... Cela révèle aussi la fascination américaine pour l'objet urbain qui se développe : la ville géante.

Comme il y a quelque chose d'expérimental dans le fait d'avoir choisi un acteur parmi les figurants plutôt qu'une grande star (d'ailleurs, la vie de James Murrey vaut le détour pour voir comment cette expérimentation a peut-être affecté sa vie), et que le film ne propose pas de happy end, il est quelque peu inattendu. Il n'y a pas de conclusion, mais plutôt un questionnement.

Bémol - fréquent, sans doute - encore un rôle féminin tantôt crédible, tantôt serpillière. Il faut des raisons plus fortes pour revenir dans un ménage qui bat de l'aile. "Il ne saura pas s'occuper de lui-même" n'est pas crédible vu le personnage haut en couleurs du début, qui mâche nonchalement son chewing-gum et fait le pari fou d'épouser un homme qu'elle connait à peine.