La Grève par JJC

On ne présente plus Sergei Eisenstein, grand cinéaste parmi les grands cinéastes. Son « Cuirassé Potemkine » (1925) fait partie des plus grands chefs-d'œuvre de toute l'histoire du cinéma. C'est juste une année avant ce dernier que le cinéaste soviétique réalisera « La Grève », véritable pamphlet marxiste. Plus tard, d'autres monuments du septième art émergeront, tels que « Octobre » (1928) ou « Ivan le Terrible » (1944-1946).
Au sein d'une fabrique, un ouvrier est accusé à tort de vol et est licencié. Suite au suicide de ce dernier, tous les autres travailleurs se mettent en grève. Dès lors, les patrons vont user de toutes les méthodes les plus ignominieuses pour réprimer ce mouvement de contestation...
Ce film risque fort bien de bousculer nos habitudes de spectateurs-consommateurs-occidentaux-formatés-drogués-à-la-pub... Pour preuve, voici quelques exemples. Signalons tout d'abord qu'il n'y a pas ici un seul personnage principal, pas de « héros ». Marxisme oblige, le « héros », ici, c'est le peuple. Une masse de personnages unis et solidaires face à des chefs plus voraces les uns que les autres. Ensuite, un usage récurrent de métaphores visuelles, novateur à l'époque (voir notamment le passage avec les espions). Enfin, pas de happy end non plus, mais un massacre final par les forces de l'ordre, alternant avec des images de bêtes passant à l'abattoir. Inoubliable...

(critique parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en mars 2012)