Quand le cinéma est tombé amoureux de la musique.

Avant de débuter ma critique de La La Land, il me semble très important de préciser un point : Je n’aime pas les comédies musicales ! Je trouve que le genre est daté et que les classiques vieillissent assez mal. Pour ce qui est des films les plus récents, à quelques exceptions près (Hedwig and the Angry Inch), je les trouve trop académiques et qu’ils manquent désespérément de créativités (Chicago, les Misérables,…). Tout ça pour vous démontrer que je n’abordais pas La La Land en tant que fan du genre mais uniquement en amateur de cinéma. A ce niveau, mon constat est simple : en l’état, le film est à mes yeux irréprochable. Que ce soit sur le plan technique ou thématique, je suis tout simplement incapable de lui faire le moindre reproche. Dans son style, La La Land est tout simplement un film parfait.
 
Je vais commencer par évoquer rapidement l’aspect technique qui, bien qu’impeccable, me passionne moins que la finesse d’écriture du film. Dès la première scène, le ton est donné. Nous avons droit à un plan séquence de 6 minutes tout simplement stupéfiant de maitrise ! Eblouissante, cette scène servira de maître étalon pour les numéros chantés qui réutiliseront généralement les mêmes techniques de mise en scène. A cet exercice et que ce soit au travers de l’utilisation des codes couleurs, des chorégraphies ou de la lumière, le film mérite d’être montré à tous les étudiants en école de cinéma tant il est remarquable. A la fois très respectueuse des grands classiques du genre (il y a beaucoup de Jacques Demy dans le film) mais en ne rejetant absolument pas la modernité, la réalisation de Damien Chazelle est totalement en adéquation avec son sujet.
 
Et justement, quel est le sujet du film ? Le pitch de base est la rencontre amoureuse entre une actrice en devenir et un musicien de jazz et le parcours créatif qui en découlera. Le parallèle est assez clair, La La Land nous raconte au travers de cette romance l’histoire des comédies musicales, la magie qui s’opère lorsque le 4ème et le 7ème art se rencontrent. Des débuts hésitants à l’harmonie parfaite de deux courants artistiques qui fusionnent, le film nous fait revivre les années d’or d’un genre qui vit aujourd’hui principalement dans la nostalgie. Et justement, ATTENTION SPOILER, c’est exactement là que nous conduit le film… Nos deux amoureux modernisent leurs talents et s’écartent artistiquement l’un de l’autre. S’ils continuent de s’aimer, leurs arts les conduisent dans des directions bien différentes. La fin du film, totalement bouleversante, fait se rencontrer une nouvelle fois nos amoureux pour partager le souvenir du passé ! S’étant toujours aimés, Mia (le cinéma) et Sébastian (la musique) partagent une explosion de joie, de dynamisme et revivent un amour idéalisé. Pendant une courte parenthèse, ils s’évadent dans leur nostalgie et se souviennent pourquoi ils se sont tant aimé et puis, d’un simple petit mouvement de tête, se saluent et retournent vivre leurs carrières chacun de leur côté… Magnifique, tout simplement… Fin du SPOILER.
 
Cette parenthèse est exactement ce qu’est La La Land par rapport aux comédies musicales : une rencontre qui idéalise et transcende ce que le genre nous offre de plus beau, un instant enchanté que nous savons éphémère mais qui ranime une flamme tellement forte qu’elle ne pourra jamais s’éteindre. La La Land est un film puissant sur l’amour, le cinéma, la musique, les rêveurs et la magie de ces rencontres… D’un optimisme sans limite, le film est la meilleure alternative à proposer au quotidien bien sombre que nous vivons actuellement. Même si c’est juste pour un court moment, La La Land vous emportera dans son sillage rayonnant et je vous garantis que vous sortirez de la salle avec un immense sourire aux lèvres.
 
En deux mots:
L'histoire de la comédie musicale racontée comme une rencontre d'amour entre deux rêveurs... Voilà le magnifique point de départ de La La Land. A la fois respectueux des traditions et très moderne dans son écriture, il s'agit surtout d'une claque sur de la plan technique! Mais s'il fallait une seule raison pour se précipiter dans les salles je dirais juste que La La Land rend heureux...

Laubergiste
9
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le 30 janv. 2017

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