En l'espace d'un seul long métrage (et quel long !), Damien Chazelle s'est gentiment hissé tout en haut du groupe très fermé de jeunes cinéastes ricains à suivre de très, très près - au même titre que Craig Zobel ou David Lowery -, ses prochaines années.
Plus qu'une surprise louangée par le public et les critiques, Whiplash est un de ces petits bijoux qui tutoie langoureusement la perfection, réussissant la prouesse de se bonifier au fil des visions.


Pour sa péloche de confirmation, le bonhomme s'est donné comme mission de faire renaitre de ces cendres l'un des genres phares du vieil Hollywood : la comédie musicale, pas forcément à la fête ces derniers temps dans les salles obscures (Les Misérables, Mamma Mia ou encore Into The Woods); la faute à un recyclage en bon et du forme des cartons made in Broadway au détriment de créations originales.


Estampillée bête de festivals depuis la dernière Mostra, futur favori aux prochains oscars et porté par un couple vedette littéralement au sommet de son art (Ryan Gosling et Emma Stone sont deux des meilleurs - et plus demandés - performeurs du moment); La La Land, de loin le film le plus buzzé du moment, surclasse la maestria vibrante de son ainé pour mieux incarner une romance enivrante et sophistiquée, un pur feel good movie qui réchauffe le coeur et fout une banane d'enfer.
Qu'on se le dise, la regarder s'est instinctivement l'adorer et se laisser bercer par sa musicalité à toute épreuve et ce dès son ouverture, proprement bluffante.


Faisant de tout son long, fit de son évidente simplicité, tout en assumant pleinement ses glorieuses références (Chantons sous la Pluie en tête), le second passage derrière la caméra de Chazelle, satire légère de l'American Dream (et d'Hollywood la putain, bouffeuse de rêves), est un sublime hommage à l'âge d'or Hollywoodien (grande époque des comédies musicales dites " à l'ancienne "), jouissivement coloré et nostalgique tout en étant solidement ancré dans un cadre bien contemporain.
Par la force des émois amoureux optimistes entre deux âmes contraires mais rêveuses, cherchant à s'extirper d'une réalité insatisfaisante et harassante, le cinéaste poursuit son obsession pour le jazz et les thèmes de la créativité artistique et du dépassement de soi (les deux sous un versant à la fois optimiste et désenchanté), en télescopant passé et présent dans un véritable bonbon acidulé et pétillant en bouche, dont la maitrise, franchement impressionnante, et la fougue dynamique de ses mélodies, n'auront de cesse de trotter dans les esprits même longtemps après vision.


Si le cinéaste virtuose fait preuve d'une dextérité remarquable derrière sa caméra, c'est d'autant plus pour magnifier la composition séduisante de son couple-titre, à l'alchimie renversante (on reste tout de même curieux de voir ce que le film aurait donné avec le duo Miles Teller/Emma Watson).
Que ce soit Gosling, irrésistible et extraverti en jazzman ambitieux, ou Emma Stone, complètement à croquer en serveuse qui se rêve actrice; les deux comédiens sont totalement voués à la cause du métrage, et incarnent avec grâce, le glamour des stars d'antan.


Brillant et énergique de bout en bout, aussi charmant et fantaisiste qu'il est léger comme une bulle de champagne, La La Land est un pur bonheur sur pellicule, la preuve par Do, Ré, Mi que la magie du cinéma n'attend que l'appuie d'une équipe talentueuse, pour faire son effet et éblouir les amoureux du septième art que nous sommes.
N'ayons pas peur des formules faciles, si les 50's ont eu Chantons sous la Pluie, les 60's West Side Story et que les 80's auront vibré aux rythmes so cool de The Blues Brothers; trois décennies plus tard et réglé comme une horlogerie suisse, les années 2010 auront le merveilleux La La Land.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2017/01/critique-la-la-land.html

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le 10 mars 2017

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