Bla Bla Land

Ok, commençons par l'auto-critique :
- j'aime les comédies musicales donc je devrais être ravi par La La Land
- Si je n'aime pas, c'est que je boude mon plaisir
- ou que je suis snob.
- et puis c'est un hommage modernisé au cinéma hollywoodien, t'as pas compris ça ?
- et puis si ça amène des gens à la comédie musicale, ce serait bien, non ?
- et le but, c'est d'apporter de la bonne humeur, alors qui suis-je pour ne pas aimer quand Ryan Gosling et Emma Stone ont fait rêver tous les spectateurs de 2017 ?

Alors ok, les 10 premières minutes de La La Land m'ont bien enthousiasmé. Malgré la musique pas formidable, ça m'a replongé dans une version américaine moderne des Demoiselles de Rochefort qui est sur ma liste de comédie musicales chéries à moi.

Mais plutôt que de me lancer dans un monologue, faisons la liste des choses qui ont fait que je ne suis pas rentré dedans :
- il faut plus que 2 ou 3 mélodies sympas pour faire une comédie musicale ;
- si tu veux faire style que ya de la danse, prends des acteurs qui savent danser, et pas des stars qui ont pris des cours de claquettes 101 ;
- si tu veux que ce soit musical, arrange toi pour que les chansons durent plus d'1min30, et que les voix des acteurs quand ils chantent ressemblent à leur accent américain dégueulasse de quand ils parlent ;
- les chansons ont souvent des paroles naïves, mais bordel, c'est quoi ces dialogues ?
- quand un film passe plus de temps à rendre hommage aux décors des films hollywoodiens et à l'âge d'or du jazz et du cinéma, qu'à raconter une histoire originale, c'est que il y a un problème ;
- quand ton histoire originale arrive après 1h de comédie musicale et d'hommages, et est quasiment déconnectée du reste autant esthétiquement que dans la façon de filmer, c'est peut-être que ya un autre problème ;
- quand le morceau de "jazz commercial en concert" a plus de peps, de cœur et d'intérêt que les morceaux de musiques ou les chorés, ça commence à faire beaucoup de problèmes ;
- les comédies musicales ont tendance à être simplistes et avoir des décors en carton pâte, mais c'est pour mieux mettre sur le devant de la scène les artistes et les scènes de musique et de danse. Mais quand ce sont les acteurs et leurs numéros qui ont l'air en carton pâte alors que l'environnement musical et sonore est bourré de relief, ça se sent.

Donc non, La La Land ne m'a pas transporté. Toutes les idées sympas étaient des pastiches directs empruntés à des films très biens, mais tout ce qui est neuf sent déjà la naphtaline.
Comment ? Comment puis-je dire ça ?! Tu n'as pas compris que la deuxième partie vise justement à montrer que les rêves et la réalité sont deux choses différentes, et que les deux héros sont aux prises avec leurs déceptions et la compromission de leurs rêves et que ça, c'est toute notre génération ?

Ok, ok, je dis pas que je n'ai pas vu ça (difficile de le rater), et que ça ne me parle pas, mais c'est justement quand le film aborde ces sujets super intéressants, qu'il devient totalement convenu, et hélas plus proche du soap opera que de la comédie musicale.

Coté positif 1 : bonus accordé pour la superbe gestion des couleurs et costumes (copié sur Jacques Demy, mais c'est cool)
Coté positif 2 : ce film m'a fait me rendre compte à quel point Café Society de Woody Allen sorti l'année dernière raconte exactement la même histoire, avec autant de nostalgie, plus de cœur, une meilleure direction d'acteurs, et les sentiments modernes exprimés dans La La Land rendus beaucoup plus proches et francs dans la structure classique de Woody Allen.
Coté positif 3 : après tout, si plein de gens ont été émus et ont pris leur pied, dans ce cas tant mieux ! Ça valait le coup de faire ce film. Et tant pis pour les autres cinéphiles bougons et passionnés déçus. On n'a qu'à aller danser dans la rue si on est pas contents.

Ce que je vais faire, bordel !