Que coïncidence de découvrir la belle et sensationnelle cité des Anges en l'an 2017, juste quelques jours avant de découvrir La La Land.
Cette comédie musicale est intemporelle et admirablement bien thématisée, c'est de l'art et de l'urbanisme, le passé et le présent, le rêve et la réalité, de la musique et du cinéma comme on en voit peu, de la romance et du drame, le tout fusionnant dans cent vingt-huit minutes de pur spectacle. J'en ai la composition de Justin Hurwitz qui résonne dans la tête depuis des mois et même au moment où j'écris cette critique je l'entends, tant la bande originale est magistrale. Tadada..tadadadatata....
Décortiquons tout brièvement. je parle donc d'art et d'urbanisme. L'art, c'est pour ces musiques, ces chansons, ces interprétations inspirées des comédies musicales de Broadway et des films américains de la première moitié du XX ème siècle.
De l'art pour ces couleurs, cette direction artistique et cette poésie.
De l'urbanisme ; pour ces lieux historiques et célèbres, soit atteints d'une mauvaise réputation tels que les grands trafics routiers de Judge Harry Pregerson Interchange, soit méconnus et oubliés comme le funiculaire d'Angels Flight ou Hermosa Beach.
Pourtant le réalisateur réussi le défis de faire d'une métropole devenue quelque peu démodée - pour des touristes de plus en plus envieux de découvrir ce qui se passe du côté du soleil levant - une ville pleine de romance, de charme respirant la diversité étasunienne, la Culture Hollywoodienne, la comédie musicale et la mixité des arts et des cultures.
Tel un bel oiseau coloré, La La Land se ramifie en un splendide réseau de couleurs, de toutes saisons. Ceci en prenant le soin de matérialiser et d'auréoler l'explosion géographique atypique de la grande et belle cité des Anges.
Chazelle, derrière sa caméra, Hurwitz derrière son orchestre, illustrent conjointement Hollywood Hills, Westside (les plages) et Los Angeles Downtown comme étant la tête, les bras et les jambes de la grande métropole du cinéma. Chaque subdivision se voit respectivement représentée dans le film, par Griffith Observatory, Hermosa Beach et Angels Flight.
Le film de Damien Chazelle en devient un savoureux cocktail spatio-temporel Sea, Sun... Street & Art.
Il s'agira de rendre hommage à ces anciennes comédies musicales, en prenant le soin de figurer comme une œuvre contemporaine, vendant du neuf, du frais, du clinquant.
Du passé et du présent donc ; d'une part, nous avons le jazz, déchu, démodé non moins dépourvu d'authenticité. D'autres part, nous aurons les nouvelles musiques populaires écrites et chantées par John Legend.
Même binarité pour le cinéma, d'un côté une grande actrice ; Ingrid Berman de Casablanca, glorieusement citée comme une source d'inspiration pour le personnage de Mia (Emma Stone) et d'un autre ; une jeune fille qui peine à percevoir les premières lueurs de sa future carrière éblouissante et réussie d'actrice hollywoodienne.
Ce fut très intéressant de voir se confronter deux styles musicaux et deux époques cinématographiques différents. J'en attendais un petit peu plus sur les débats concernant les évolutions de la musique aux États-Unis, les origines du Jazz et les inspirations de notre jeune Mia, mais c'est que je suis un peu gourmand.
La La Land c'est le rêve et la réalité, d'un côté une histoire plausible et continue et d'un autre, de longues séquences dansantes provenant tout droit de l'imaginaire des protagonistes, ces dernières ne freinant pas pour autant la continuité de l'intrigue. Elles parviennent juste à semer la confusion au bon moment pour révéler un final éblouissant! Merci donc à ce dénouement qui donne tellement plus de signification et de symboliques à une œuvre si poétique. Quoi de plus beau que de représenter l'amour comme étant inaccessible et fantasmagorique.
Je parle plus haut de thématisation, de rêve, de musiques... Oui La La Land c'est un peu comme Monsieur Walt Disney qui m'invite dans l'une de ses formidables attractions de son pays imaginaire, qui me fait rêver et tout oublier; je commence le film, je suis dans le wagon, j'en ressors avec un grand sourire jusqu'aux oreilles, et des oreilles jusqu'au sourire (pour en évoquer la beauté musicale).
Deux regrets concernant cette pépite du cinéma. Le premier vise le traitement du personnage de Mia, qui semble répondre à une fatalité d'une autre époque : je fait référence à sa dépendance envers un homme riche et protecteur.
Deuxième regret, nom d'une crevette californienne, pourquoi n'ai-je pas regardé La La Land avant de visiter Los Angeles ?
En absence de réponse, je répondrai Neotrypaea californiensis !