Quand le ciné français veut faire du "crédible" du "réaliste" en gros du social il faut que ça soit : 1. chiant, 2. austère. Je ne sais pas d'où tient ce principe, si c'est pour justement éviter d'en faire trop ou faire croire au spectateur que la vraie vie est comme présentée dans ce film : grisâtre.
Après tout, n'est pas Ken Loach qui veut. Lui sachant faire du social tranchant sans pour autant rogner sur la réalisation. Avec La Loi du marché nous avons un It's A Free World au rabais et à la française. Loin d'être parfait, ce film a tout de même pas mal de qualités à son actif dont la première : montrer une certaine part de vérité de ce que subissent les personnes confrontées au monde du travail.
Il y a dans La Loi du marché une part de faux et une de vérité. La part fausse est la vie de tous les jours maladroitement mise en scène. Malheureusement, on échappe ici a aucun cliché du genre. Le statut social est forcément lié à des activités "planplans" de cinquantenaires. C'est ce que le film montre dans la vie de tous les jours d'un monsieur recherchant un emplois. Il y a même un fils handicapé pour le pathos... de petites scènes familiales qui dénotent le quotidien de cette famille bousculée par la perte d'un salaire. Mais en revanche ce quotidien est ce qu'il reste à cette famille qui ne va pas sacrifier sa vie au détriment de la recherche (ou de la perte) d'un emplois.
Telle la séquence de vente de la caravane familiale à des acheteurs peu scrupuleux qui profitent du besoin d'argent pour négocier le prix plus que de raison. Acheteurs qui se verront envoyer promener. La fierté reste intacte. Le film tout en gardant cette insupportable réalisation spartiate passe quand même un message important. Ne pas se dévaloriser face à une perte d'emplois. ne pas se laisser faire par les codes imposés du marché du travail. Garder sa dignité, le chômage n'est pas une mort au contraire, c'est une façon de découvrir le revers de ce monde d'exploitation.
Mais avant d'en arriver là, Thierry va devoir expérimenter la recherche d’emploi où l'on demande à un homme d'entrer dans le moule artificiel du monde du travail. Pour trouver un emplois, lui dit-on, il doit être plus propre sur lui, doit s'exprimer autrement. Il doit être ce que le monde du travail attend de lui et non pas être lui même. Il doit se mentir.
Et il finit par trouver un travail à l'image de ce a quoi il a été formé. Quelque chose qui l'obligera à aller contre ses convictions. Trop heureux d'avoir enfin trouver de quoi payer ses factures, Thierry ne se rendra pas compte tout de suite que le travail l'a obligé à se fourvoyer...
C'est la part de vérité de La Loi du marché. Cette part du film qui dénonce un système qui pervertis les gens en leur faisant croire que le travail est une fin en soit. En les obligeant à des actes qu'ils ne feraient pas en temps normal. Les diverses séquences en tant que vigile de supermarché sont d'une part très bien observées et d'autre part bien mise en scène. Ces scènes de "management de personnel" justifient totalement le film et font oublier les vilains clichés utilisés par facilité.
Je regrette que La Loi du marché ne soit pas aussi incisif que les productions de Ken Loach, et surtout qu'il soit arrivé bien après de nombreux autres films et documentaires traitants de ce sujet. Toutefois le film à le mérite de passer un message important, la fin. Ne jamais s'attacher à ce monde du travail. Ne jamais se laisser ligoter par ce système qui ne fera que vous culpabiliser pour obtenir votre "main d’œuvre". Vous n'êtes pas esclave du travail, c'est lui qui a besoin de vous et non le contraire.