Ce n'est qu'en 1956 que William Wyler engage pour la première fois son ami Humphrey Bogart dans un de ses films. Les deux hommes furent des figures de proues de la lutte contre le sénateur Mc Carty à l'époque ou celui-ci tentait de purger d'Hollywood de ses éléments "antiaméricains". Pourtant ce premier est unique projet commun n'a rien de politique, ni de message caché critiquant la traque anti communiste (ou alors j'ai raté un truc). Wyler, homme engagé, n'a d'ailleurs jamais brillé par des films politiques.
Le film semble même défendre les valeurs américaines, en particulier l'individualisme. Par cette histoire mettant en scène un groupe de renégat prenant en otage une famille sous son propre toit Wyler joue avec la plus grande peur de population, voir l'intimité de la sacrosainte cellule familiale violée.
Les preneurs d'otage se montrent forcément menaçant et très peu courtois. Un complice doit les rejoindre avec une grosse somme d'argent dans quelques heures. Face à cette situation le père de famille se ressout à simplement attendre que les vilains décampent. Refusant une intervention extérieur de qui que ce soit. Voila la notion d'individualisme sous une de ses plus belles formes!
Wyler n'est pas Hitchcock pourtant il prouve qu'il sait réaliser un huis-clos tendu en maitrisant son suspense. Il n'atteint pas le niveau des maitres de genre mais La maison des otages est de bonne facture, porté par un casting qui s'avère convaincant. Bogie dans un rôle à contre emploi et Fredric March dans celui du pater familias le cul entre deux chaises mènent un duel psychologique haletant. Un bon film à tout point de vue, qui vaut aussi le détour en tant qu'avant dernier film de l'immense Humphrey Bogart.