La Marche de Tokyo
6.4
La Marche de Tokyo

Court-métrage de Kenji Mizoguchi (1929)

L'oncle de Michiyo, qui l'a recueillie, a perdu son travail à l'usine. Pour lui rendre service, elle devient Orie, une geisha, qui déchaîne la passion d'un vieux marchand, Fujimoto. Le fils de ce dernier, Yoshiki, joue au tennis, et un jour sa balle tombe dans le quartier pauvre, et Michiyo la lui renvoie : il tombe instantanément amoureux d'elle, sans savoir encore qu'elle est une geisha.


Le père, le fils mais aussi l'ami du fils, Sakuma, vont devenir jaloux les uns des autres. De son côté, Michiyo se fie au conseil de sa mère, prostituée abandonnée par le père, qui en mourant dit bien à sa fille de ne jamais tomber amoureuse d'un homme. Le père Fujimoto est surpris en voyant une bague et interdit le mariage, mais il fait venir Orie chez lui, contre tous les usages, pour lui annoncer qu'il est son père. Yoshiki comprend qu'il a été amoureux de sa soeur et écrit à Sakuma pour lui dire que plus rien ne s'oppose à ce qu'il se marie à Orie. Lui-même est détruit et décide de partir pour oublier. Le film se clot sur le bateau emportant Yoshiki dans une ambiance de liesse populaire alors que Michiyo est venue dire au revoir à son frère, son amour d'autrefois


.
C'est un mélodrame muet qui s'ouvre sur de nombreux plans de la ville moderne de Tokyo en 1929, qui semble s'être remise du terrible tremblement de terre de 1923, mais dont Mizogushi dénonce les inégalités, quoique l'on passe peu de temps, ici, dans les bas-fonds. Le film se repose beaucoup sur les cartons explicatifs, sans lesquels il serait difficile de le comprendre (il n'y avait pas encore forcément les conventions de mise en scène que nous avons, par exemple, pour amorcer une séquence de rêve). L'accent est mis sur les postures des personnages (comme dans le théâtre No, elles sont très significatives), mais aussi, étonnamment, sur l'expressivité des visages, qui saute ici aux yeux.


C'est très narratif, avec des cadrages pour l'essentiel en plan moyen. Parmi les plans notables, celui où une tête de cerf dessinne derrière la tête du vieux marchand des cornes, en ombres, et celui où Orie sort d'un pousse-pousse, en plongée oblique : on a l'impression de voir une estampe.


Un mélodrame sobre et efficace, donc, qui tire sa force de sa brièveté. Apparemment des pans entiers du film originel ont disparu, cela dit.

zardoz6704
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le 30 avr. 2016

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